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Venise et l'Angleterre

 
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babeth



Inscrit le : 28 Août 2009
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Message Posté le : Sam 21 Avr 2018, 18:46:51    Sujet du message: Venise et l'Angleterre Répondre en citant

Poursuivant l'étude des relations entre la Sérénissime et l'Angleterre après la découverte du peintre Francis Cleyn, voici le rappel d'une exposition qui se tint fin 2016 à la Marciana et dont le thème était "Pas seulement des Epices"
ou "Commerce et Alimentation entre Venise et l'Angleterre entre les XIVème et XVIIIème siècles". Et, quelle chance, un merveilleux PDF de 93 pages sur le sujet intitulé "Des raisins secs à la Machine à Vapeur", par Giuseppe Gallino.

https://marciana.venezia.sbn.it/sites/default/files/repositoryfile/mostre/2017/immagine-associata/nonsolospezieweb.pdf

J'imagine qu'au Campiello tout le monde connait les beaux lainages ultra fins de la LANEROSSI ; et bien ce fleuron de l'industrie italienne prend sa source chez Nicolo' TRON, père du célèbre Andrea, qui arriva en 1714 en Angleterre en tant qu'ambassadeur de la Sérénissime. Nicolo' Tron se passionna pour le modèle économique de ce pays et devint l'ami de NEWTON qui le fit inscrire à la ROYAL SOCIETY; lorsqu'en 1717 il regagna Venise, il emporta avec lui deux machines à vapeur et vingt-cinq techniciens dans le but d'installer en Vénétie au moins un pan de la technologie d'Outre-Manche tant admirée. C'était des NEWCOMEN-SAVERY produites à seulement sept exemplaires....En 1718 il en fit marcher une dans ses terres d'Anguillara, dans le Polesine, et c'est ainsi qu'il réussit à assécher 400 "campi" de terres.
Là il nous faut une petite digression car même encore maintenant en 2018 les Vénitiens expriment encore les surfaces cultivables en "campi", vieille mesure d'Ancien Régime qui ne correspond pas à un chiffre fixe car il dépend de la région: disons qu'un campo veneto vaut circa entre 3,500 et 5.000 m2. En prenant environ 2,5 campi par hectare, la surface asséchée est considérable, entre 150 et 180 hectares. Si je fais erreur, Dany corrigera !
https://it.wikipedia.org/wiki/Campo_(unit%C3%A0_di_misura)

Quant à la deuxième machine à vapeur, il la fit entrer en service dans la ville de SCHIO (au nord de Vicenza) où il créa une fabrique de tissus de laine (en français draperie ?) qui fut ultérieurement reprise par Francesco ROSSI, père de cet Alessandro Rossi qui en fera le fleuron de l'industrie textile italienne. ......les machines Newcomen-Savery furent améliorées par Watt etc etc ....

Là (en Angleterre) se préparait le futur de l'humanité; aux Vénitiens ne restait plus qu'à acheter les produits de la nouvelle science en vendant les toiles et objets d'art collectionnés par leurs ancêtres.

https://it.wikipedia.org/wiki/Lanerossi

https://it.wikipedia.org/wiki/Alessandro_Rossi_(imprenditore)

Médaillon représentant Nicolo' Tron sur la façade du Théâtre Jacquard de Schio ( terre cuite qui aurait bien besoin d'une restauration ).



Il est aussi à Prato della Valle à Padoue :

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babeth



Inscrit le : 28 Août 2009
Messages: 4887
Localisation : paris

Message Posté le : Sam 21 Avr 2018, 19:29:24    Sujet du message: Répondre en citant

Et voici qu'on n'en a pas fini avec les machines à vapeur de Messieurs Newcomen & Savery, (Denis Papin y était pour quelque chose aussi) l'invention de cette première pompe hydraulique rudimentaire. En effet, un mathématicien Ecossais, James STIRLING, connu sous le nom du Veneziano, fut victime de la politique : à cause de la persécution dont furent victimes les JACOBITES (partisans des Stuart ) il s'enfuit d'Angleterre et se réfugia à Venise sous la protection de Nicolo' TRON. Stirling aurait bien voulu obtenir la chaire de mathématiques à l'Université de Padoue, mais ceci n'eut pas lieu car Padoue suivait les théories de l'Allemand Leibnitz au détriment de l'école anglaise Newtonienne.

Les hasards de l'Histoire : Nicolo' Tron se serait-il lié d'amitié avec Isaac Newton si Frederico Corner avait accepté d'exercer la mission d'ambassadeur décidée par le Sénat, au lieu de s'en désister ??
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Blandine



Inscrit le : 24 Fév 2008
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Message Posté le : Dim 22 Avr 2018, 22:38:04    Sujet du message: Répondre en citant

Je viens d'avoir une semaine plutôt compliquée. Mais, maintenant, un peu plus au calme, je vais pouvoir me consacrer à tes articles, babeth.

Merci d'avance !
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babeth



Inscrit le : 28 Août 2009
Messages: 4887
Localisation : paris

Message Posté le : Mar 24 Avr 2018, 14:16:54    Sujet du message: Répondre en citant

Après avoir lu combien les raisins secs de Zante et Céphalonie - si indispensables pour la confection du merveilleux pudding à la graisse de boeuf - commerce "sous le manteau" qui avait permis aux Anglais de tailler des croupières à Venise en esquivant les taxes imposées par Venise sur les marchandises en provenance de ses comptoirs d'Adriatique, voici un autre article récent qui nous éclaire sur le rôle de la littérature dans l'attrait qu' exerça Venise sur les Anglais au XIXème siècle :

https://www.venicecafe.it/ann-radcliffe-e-la-venezia-gotica-de-i-misteri-di-udolfo/

Il s'agit de l'influence du roman gothique, dont l'auteure Ann Radcliffe fut la pionnière du genre, The Mysteries of Udolpho, 1794 dont une scène se passe à Venise .....une Venise inventée ....mais très bien décrite.
Lord Byron lui-même avouera en 1817 que les représentations qu'il se faisait de Venise étaient dûes entre autres à Ann Radcliffe.

Le site ci-dessus référencé, très intéressant, s'est spécialisé dans les mystères et diverses noirceurs de l'histoire de Venise

Cool
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Blandine



Inscrit le : 24 Fév 2008
Messages: 5826
Localisation : Rennes

Message Posté le : Jeu 26 Avr 2018, 18:31:55    Sujet du message: Répondre en citant

Passionnant, cette histoire de machine à vapeur !

Oui, c'est amusant que Nicolo aurait pu "louper" cette opportunité et je sais, d'ailleurs, qu'Andrea poursuivit avec ardeur le développement de ses domaines de terre ferme (excellent livre sur Andrea Tron, le maître de Venise de Anne Quéruel)

https://www.decitre.fr/livres/andrea-tron-1712-1785-9782862665511.html

Mais je ne connaissais pas du tout (ou je ne me souvenais plus ) cette si fameuse production de tissus Embarassed . Merci de nous avoir fait découvrir un nouveau pan de l'histoire de Venise !

Quant à la chère Ann Radcliffe, toute janéite la connait bien. En effet, Jane Austen qui avait lu ou même dévoré les mystères d'Udophe, s'en était copieusement moqué dans Northanger Abbey en 1798 - 1799.

Ce livre a eu un énorme retentissement en Angleterre et je ne m'étonne pas que Byron l'ai eu dans l'esprit quand il est arrivé à Venise.
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