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il Campiello Le site forum des passionnés de Venise
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livia
Inscrit le : 17 Avr 2005 Messages: 914 Localisation : Montréal
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Posté le : Ven 02 Sept 2005, 19:15:23 Sujet du message: rentrée littéraire |
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Ma période préférée de l'année!!
J'ai rapidement repéré un roman qui semble se passer à Venise.
Alain Fleischer
Immersion
Collection « L'Infini »
Roman
A77545
ISBN 2070775453
À Venise, ville indéfiniment plongée dans ce que les photographes appellent un bain d'arrêt – entre révélation et fixation des images –, le narrateur, David Fischer, est à la recherche d'une histoire dont on ne sait s'il doit la retrouver ou l'inventer. Il rencontre là deux figures essentielles : celle du vieux maître à penser, l'éternel survivant (le prince juif Avigdor Sforno), et celle de la jeune maîtresse perdue, l'éternelle revenante (une nageuse praguoise en qui il voit la réincarnation d'une noyée de Buenos Aires : Stella). Le premier n'est là que pour disparaître, après avoir survécu à tout, remettant enfin son destin entre les mains de son biographe. La seconde, après être réapparue, n'est là que pour sur-vivre – vivre plus – en se dédoublant encore, pour déjouer le double, ou la doublure, que son amant voit en elle.
En voici un extrait:
« Toujours on meurt de ce que l'on a vécu. Et toujours, vivre n'est que survivre à ce dont on n'est pas mort. Parce que cette ville, depuis des siècles, flotte entre deux eaux plus encore qu'elle n'émerge, avec ses noyés, les Vénitiens, elle et eux prêts à l'engloutissement définitif d'un jour à l'autre, Venise est la capitale de l'humanité survivante... » : le livre dont je suis venu chercher ici le point de départ, ou alors la suite, le prolongement, pourrait commencer ainsi, se dit David. Une autre entrée, ou une autre continuation serait celle-ci : « C'était quand j'étais vieux, maintenant je suis trop jeune pour me souvenir de tout cela... »
Toujours on meurt de ce que l'on a vécu. Et toujours, vivre n'est que survivre à ce dont on n'est pas mort. Parce que cette ville, depuis des siècles, flotte entre deux eaux plus encore qu'elle n'émerge, avec ses noyés, les Vénitiens, elle et eux prêts à l'engloutissement définitif d'un jour à l'autre, Venise est la capitale de l'humanité survivante — pourquoi donc ai-je de telles pensées en de telles circonstances, à cette heure avancée de la nuit, dans cette cabine d'ascenseur d'un hôtel du Lido qui m'emporte en compagnie d'une inconnue que je prétends connaître et retrouver telle qu'elle était la dernière fois, vingt ans plus tôt, je n'en sais rien —, et c'est parce, dans cette capitale de la survivance, tout n'a pas survécu qu'il a fallu New York, de l'autre côté, à la proue du Nouveau Monde, New York qui ne dresse si haut ses gratte-ciel que pour qu'ils soient visibles de loin, de Venise même, au cœur du monde ancien, au fond des mers antiques, et pour émerger autant que possible en surplomb de l'océan, au-dessus des villes abîmées de l'Atlantide, pour défier l'engloutissement, telles sont les raisons que je me donne pour m'expliquer à moi-même qu'à Venise, capitale de la survivance, je ne peux avoir de pensée pour aucune autre ville que New York — ni Paris, ni Vienne, ni Prague, ni Berlin, ni Londres, toutes ici absentées, effacées, rangées comme autant de décors de théâtre d'une comédie futile, aucune autre ville que New York —, parcourant les docks aux grandes bâtisses de brique délabrées des Molini ou les quais de la Giudecca, ou les Zattere, ou le quartier de l'Arsenal, ou le Campo del Ghetto, partout cette insistante ressemblance dans l'absolue différence, entre Venise et New York, de part et d'autre la même volonté de faire signe au-dessus de la surface indistincte et continue de l'eau, de chaque côté le même effort d'une activité marchande — la survivance est un commerce —, la même responsabilité au nom de l'humanité tout entière — peut-être de telles idées me viennent-elles en ce moment parce que, dans cet ascenseur d'un hôtel du Lido à Venise, je viens de retrouver chez un être vivant l'exacte survivance d'un être disparu, parmi une famille d'êtres dont le hasard a conduit dans ma vie deux incarnations identiques à quelque vingt ans de distance —, mais à New York la verticalité l'emporte, arrogante et dérisoire, elle entraîne la ville dans cette dimension, ayant sommairement réglé l'autre, le plan horizontal, par un quadrillage méthodique et sans surprise, tandis qu'à Venise c'est l'horizontalité qui a toujours le dessus, si l'on peut dire, c'est elle qui est d'avance en hauteur, couvrant, coiffant les profondeurs verticales du dessous, et c'est l'horizontalité qui toujours menace, piège partout tendu et exhibé d'une disparition prochaine, risque à la fois plus ancien et plus imminent que partout ailleurs d'une fin plus douce aussi, lieu d'un effondrement moins vertigineux puisque déjà là, latent, familier, quotidien, quotidiennement côtoyé, repoussé, négociable au jour le jour, aussi longtemps que l'homme survivra à cette maladie qu'est l'homme, et je me reproche de me laisser prendre par Venise au piège de penser Venise, de réfléchir Venise, d'éprouver Venise, de prétendre en parler, avoir sur elle des idées, en élaborer une vision, alors qu'à Venise, sur Venise, tout a été mille fois pensé, ressenti, représenté, exprimé, et sans doute est-ce un aspect extrême de la survivance que de mobiliser l'émotion, le regard, les sentiments, l'imagination, les idées, quand il n'y a plus rien de quoi s'émouvoir, plus rien à regarder, à ressentir, à imaginer, à penser.
© www.gallimard.fr 2005
J'ai aussi cru voir au moins deux bios sur Casanova. J'y reviendrai plus tard.
Bonne lecture à tous! |
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Gérard
Inscrit le : 18 Avr 2005 Messages: 1783 Localisation : Orléans
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Posté le : Sam 03 Sept 2005, 08:23:20 Sujet du message: L'avenir ou l'à-venir ? |
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Je n'comprendrai jamais pourquoi on peut qualifier Venise par le terme " engloutissement " et ses habitants par celui de " noyés ".
Cette vision nihiliste du monde a vraiment du mal à m'accrocher .
Pire , ça m'fait peur !
C'est curieux , on dirait comme une récurrence .
Peut-être qu'ils n'ont pas tout à fait réussi à m'arracher les derniers oripeaux de la jeunesse .
Certes , la jolie Venise - pilotisée sur la vase - est un incomparable mémorial ; mais comme les pieux du Cadore , elle me semble solide , la vieille .
Hypercostaud .
Et protégée par l'immense mémoire culturelle d'un peuple héritier : les Italiens .
Pour ce qui me concerne - c'est minoritaire - , pas de doute possible .
Espoir chevillé au rouvre et optimisme tout à fait tranquille .
Tiens , Sollers , dans " L'éloge de l'Infini " : " Venise se conjugue à l'avenir " .
Hier soir , à la télé , George Clooney , à la Mostra , avait l'air plutôt serein .
Quelle allure et quel tombeur !
J'ai l'impression que certaines Vénitiennes ont dû certainement se laisser engloutir .
Doit y avoir du monde aux " Urgences " .
Je note quand même le bouquin . |
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monteverdi
Inscrit le : 17 Avr 2005 Messages: 1452 Localisation : Ile de france
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Posté le : Sam 03 Sept 2005, 17:05:11 Sujet du message: |
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Beuh................désolé Livia, mais je ne peux pas dire que cet extrait me pousse à lire cet opus.....ou alors un jour de beau temps avec moral au beau fixe.. ...si tout le livre est dans ce style, il va rapidement me tomber des mains. :? |
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Barocco
Inscrit le : 17 Avr 2005 Messages: 12949 Localisation : Lessines-Belgique
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Posté le : Dim 04 Sept 2005, 09:50:05 Sujet du message: |
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j'attendrai qu'il y ait eu de courageux lecteurs....et qu'ils nous fassent part de leurs commentaires... :wink: :wink: mais à première vue...n'ai pas trop envie de m'immerger...fut-ce dans la lagune!!!!!
par contre...être à Venise et y croiser le "beau" George Clooney....ça doit pas être trop mal.... :wink: :wink: et si en plus c'était pour aller prendre un bellini au Harry's Bar....je veux bien faire un petit saut jusque là ....et même m'y "taper" les films les plus indigestes... de la sélection.... |
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Joelle
Inscrit le : 17 Avr 2005 Messages: 2713 Localisation : Breizh
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Posté le : Dim 04 Sept 2005, 17:41:43 Sujet du message: |
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Bon, ça va, je ne suis pas toute seule à ne pas accrocher au livre proposé par Livia, désolée, passé un certan âge, il nous faut du "léger" :wink: :wink: |
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