il Campiello

Danielle

size=18]Venise pour le bal s'habille,
De paillettes tout étoilé,
Scintille, fourmille et babille
Le carnaval bariolé.

Arlequin, nègre par son masque,
Serpent par ses mille couleurs,
Rosse d'une note fantasque
Cassandre, son souffre-douleurs.

Battant de l'aile avec sa manche
Comme un pingouin sur un écueil,
Le blanc Pierrot, par une blanche,
Passe la tête et cligne l'úil.

Le Docteur Bolonais rabâche
Avec la basse aux sons traînés
Polichinelle, qui se fâche,
Se trouve une croche pour nez.

Heurtant Trivelin qui se mouche
Avec trille extravagant,
A Colombine Scaramouche
Rend son éventail ou son gant.

Sur une cadence se glisse
Un domino ne laissant voir
Qu'un malin regard en coulisse
Aux paupières de satin noir.

Ah ! fine barbe de dentelle,
Que fait voler un souffle pur,
Cet arpège m'a dit : C'est elle !
Malgré tes réseaux, j'en suis sûr,

Et j'ai reconnu, rose et fraîche,
Sous l'affreux profil de carton,
Sa lèvre au fin duvet de pêche,
Et la mouche de son menton.

Théophile Gautier
in Émaux et Camées[/size

Danielle

En février 1834 Alfred de Musset est à Venise avec George Sand rencontrée en juin 1833 ; ils logent au Palais Nani. Tombé gravement malade, il rentre seul à Paris le 12 avril 1834 car George Sand -et pour cause- lui a préféré Pagello le médecin ! Les conséquences...

Dans "A mon frère, revenant d'Italie" il écrira, à juste titre, en 1844 :

Toits superbes ! froids monuments !
Linceul d'or sur des ossements !
Ci-gît Venise.
Là mon pauvre coeur est resté.
S'il doit m'en être rapporté,
Dieu le conduise !

Mon pauvre coeur, l'as-tu trouvé
Sur le chemin, sous un pavé,
Au fond d'un verre ?
Ou dans ce grand palais Nani,
Dont tant de soleils ont jauni
La noble pierre ?

L'as-tu vu sur les fleurs des prés,
Ou sur les raisins empourprés
D'une tonnelle ?
Ou dans quelque frêle bateau,
Glissant à l'ombre et fendant l'eau
A tire-d'aile ?

L'as-tu trouvé tout en lambeaux
Sur la rive où sont les tombeaux ?
Il doit y être.
Je ne sais qui l'y cherchera,
Mais je crois bien qu'on ne pourra
L'y reconnaître.

Pour notre bonheur, le poète avait une autre vision de Venise en 1828, quand il écrivit le célèbre poème qui fut mis en musique par Charles Gounod (1818-1893) ....

"Dans Venise la rouge......

wagon lits

Je suppose que l'ami Gérard doit être déjà en train d'affuter sa plus belle plume pour rebondir sur ce sujet ! :wink: :D

Barocco

il l'a déjà fait..précédemment... :wink: :wink: et fort joliment...mais rien ne l'empêchera ..je pense de récidiver!!!!
:D :D :D :D
http://www.lapanse.com/venise/textes/cotton/carnaval_a_venise_cotton.html

http://www.campiello-venise.com/souvenirs/cotton_gerard.htm

Gérard

Oui , c'est Venise .
Parmi d'autres aussi .
Mais celle-ci , peut-être plus que certaines .
La poésie , c'est d'une certaine façon , la candeur sauvegardée précédant la perception , la fraîcheur d'esprit qui ne néglige pas la profondeur , dans certains cas la gravité et l'insolence , la gravité de l'insolence , le tout - et pour tous les créateurs , c'est pareil - , le tout surfant sur LA LIBERTE .
La liberté à prendre , à conquérir .
Bref , vous comprenez ; et ça , je le sais !
L'indispensable liberté .
Qui féconde certainement , sans entrave, le bonheur d'exister .
Et celui , irremplaçable , de donner .
La belle cité lacustre abrita les grands amoureux , reçut aussi les puissants libertaires , en les protégeant dans une sorte - comme dirait très justement Philippe Sollers - , d'heureux miracle .
Auréolé .
Merveilleux .
Infiniment précieux .
A mesurer .
Mais surtout , à défendre avec la plus grande vigueur .
Dans le long cortège de tous ces grands virtuoses , Théophile et Alfred , restent avant tout des Maîtres .
Que j'admire .
Qui ne sont nullement démodés .
Avec parfois , de leur part , des lignes exceptionnellement incandescentes .
" Paganini , le fantastique ,
Un soir , comme avec un crochet ,
Etc , etc ,
Ses arabesques d'or ! "
Défiant à tout jamais le temps qui file .
En effet , comment oublier cet endroit , oui , comment faire ?
Mais Annette , eux , ce sont des Maîtres !
" Brûler d'une impossible fièvre ,
Partir où personne ne part ! "