il Campiello

[Blandine]

Cela faisait un bout de temps que le bouquin de Clélia Renucci me faisait de l’œil !

L'avis de mon libraire rennais étant plus que réservé, j'ai attendu un peu et puis plusieurs personnes l'ayant lu et en ayant donné un avis enthousiaste, j'ai fini par le lire.



« Tout était dévasté, consumé, calciné. C'est de cet enfer qu'allait renaître le Paradis. »

Dans le décor spectaculaire de la Venise renaissante, l'immense toile du Paradis devient un personnage vivant, opposant le génie de Véronèse, du Tintoret et des plus grands maîtres de la ville. Entre rivalités artistiques, trahisons familiales, déchirements politiques, Clélia Renucci fait revivre dans ce premier roman le prodige de la création, ses vertiges et ses drames.

Prix du Premier Roman 2018

Lauréat du Prix Grands Destins 2018 du Parisien Week-End

Joli "produit", n'est-ce pas? Tout pour plaire, en fait, belle couverture, belle illustration que l'on connait bien, sujet passionnant, auteure ravissante qui passe bien sur les plateaux Tv. Que du bon, quoi !

Alors. En fait, la partie qui concerne vraiment l'oeuvre en elle même, le Paradis, est tout à fait bien documentée, et passionnante: la préparation de la toile, la composition, sa réalisation par Domenico. Vraiment intéressant.

Le problème, c'est que tout ceci donne la matière d'un bon article, mais pas d'un roman de 250 pages. Il fallait donc "mettre" quelque chose autour .... C'est là que cela devient affligeant. A mon avis, en ce qui concerne l'histoire de Venise à l'époque, sa documentation s'est réduite à Wikipédia. On a donc Marco qui perd au jeu au Ridotto, Paolo qui s'encanaille chez les Dames, une façon pour le moins fantaisiste de d'évoquer Marino Faliero, bref, des poncifs rebattus, des approximations, un petit truc gentillet pour une oeuvre gigantesque ! Mis à part le passage sur le travail à la Misericordia, tout ceci est indigent et manque singulièrement de souffle.

Mais cela m'a donné l'occasion d'aller chercher un peu plus loin et je me suis rendue compte qu'une exposition avait eu lieu sur le sujet, avec un bel article de Benjamin

http://nerial.free.fr/artelio/artelio/art_446.html

J'ai donc cherché les esquisses du concours et les voici. La principale difficulté pour les artistes était de présenter le Paradis horizontalement, alors qu'on l'avait toujours représenté verticalement.

Esquisse de Véronèse, Le Couronnement de la Vierge dit Le Paradis, 1582, huile sur toile, 86,5x235 cm, Lille, Palais des Beaux-Arts



Première esquisse de Tintoret, Le Couronnement de la Vierge dit Le Paradis, 1582, 143x362 cm, huile sur toile, Paris, Musée du Louvre



Esquisse de Francesco Bassano, Le Couronnement de la Vierge dit Le Paradis, 1582, huile sur toile, 127x351 cm, Saint-Pétersboug, Musée de l’Ermitage



Seconde esquisse de Tintoret, Le Couronnement de la Vierge dit Le Paradis, 1588, huile sur toile, 164x492 cm, Madrid, Musée Thyssen-Bornemisza



A vous de voter !

Au bout du compte, Domenico n'en a fait qu'à sa tête



Mais j'avoue que je le regarderai plus attentivement le prochaine fois (avec des jumelles !)

[babeth]

Le plus affligent n'est-il pas que ce roman ait reçu un prix ? le mot Venise est devenu en soi un produit marketing....et ça marche, la preuve !
Quant aux esquisses elles évoquent des antipodes : des nuages blancs qui font ressembler les bienheureux élus à des escaladeurs de banquise Inuite l
à la plus joyeuse aspiration vers le soleil de Bassano dans les teintes du Sol Invictus; à notre époque les vacances dites paradisiaques sont tjrs au soleil .....mais là Bassano prenait un risque : quand le Soleil chauffe trop, il met le feu...et alors c'est l'Enfer !
merci Blandine pour cette expérience pseudo-littéraire à surtout ne pas partager !