il Campiello

[Blandine]

Elisabeth Crouzet-Pavan




Torcello, aujourd'hui, est un îlot quasi déserté au nord de la lagune de Venise, une cathédrale, un baptistère, une église et un décor de mosaïques célèbres. Torcello, hier, ce fut une communauté humaine nombreuse, un paysage de campaniles et de petites maisons, un horizon de vignes, de jardins, de bois...

Elisabeth Crouzet-Pavan va à la recherche de ce monde perdu, oublié, abandonné dans les derniers siècles du Moyen Age, au temps même où Venise imposait à travers la Chrétienté son image providentielle de beauté et de gloire. Ce livre est donc l'histoire d'une mort lente, à laquelle s'étaient comme résignés ceux qui la subirent au rythme du flux et du reflux des marées en se laissant glisser sans drame vers l'irrémédiable.

Cette sortie de l'histoire fut aussi délibérée, voulue par Venise, comme si la disparition de Torcello devait secrètement permettre à la Sérénissime de conjurer la conscience de sa fragilité, ses fantasmes du déclin, ses angoisses de l'engloutissement: il fallait que Torcello meure pour offrir à Venise, par un effet de miroir, l'assurance qu'elle seule avait été élue pour s'élever au milieu des eaux de la lagune.

En exhumant l'obscur destin de Torcello, cet ouvrage met ainsi en lumière une dimension capitale, et méconnue, de la création vénitienne.


Par ces temps de confinement, c'est le livre à lire, d'autant plus qu'il est, je crois, disponible sur internet.

Mais la lecture avec un crayon en main est tout de même préférable pour découvrir cette "histoire en creux" des îles de la lagune nord, Torcello en tête, mais aussi Mazzorbo et Burano, ainsi que les petits îlots aujourd'hui disparus.

Une recherche systématique dans les archives abondantes de Venise a été nécessaire pour exhumer un peu de la vie de ces îles, de leur peuplement, de leur vie quotidienne puis de leur inexorable déclin, dans cette lagune vénitienne dont on laisse souvent de côté l'histoire au profit de la Cité triomphale.

[dominique M.]

Une auteure de grande qualité et bien connue .... pas toujours facile à lire mais cela fait partie du plaisir

[babeth]

ouvrage d'une universitaire, et par là même très fouillé = Dominique affirme que ça doit ajouter au plaisir de la lire , j'en suis moins convaincue, signé une béotienne qui dit "trop c'est trop" ......de plus, impardonnable à mes yeux, à mes oreilles, lorsque l'auteure parle de Venise, son italien écorche les ouies!

[Blandine]

Heureusement, on la lit, alors, c'est le principal

Je ne dis pas qu'il n'y ait pas des passages un peu indigestes, comme le comptage des porcs et des bovins dans la lagune nord. Mais il y a aussi beaucoup d'anecdotes symptomatiques de la vie quotidienne pleines de scènes prises sur le vif, particulièrement dans les procès. (Barouf à Torcello)

Et puis c'est intéressant de voir les rapports entre la lagune et Rialto-Venise et l’obsession de ces petites îles dépeuplées pour imiter l'administration vénitienne centrale. Bref, dans l'Histoire de Venise, cette étude est vraiment complémentaire.

[babeth]

Ne vous inquiétez pas, je l'ai lu quand même , parfois comme les fenicotteri - (et parfois trouvé indigeste) - mais ma remarque précédente visait surtout à suggérer que l'expertise en l'histoire d'un pays devrait s'allier d'une compréhension de la musique de sa langue ....et un universitaire ânonnant un texte italien atone ne procure pas le plaisir qu'on pourrait en attendre ... ça me fait penser à des chansons de Brel chantées en Japonais ......