il Campiello

[Blandine]

Nous étions donc sur la route des crêtes qui rejoint Buda à Cattaro. Elle permet une vue exceptionnelle sur le Bocche di Cattaro, le plus beau site de la côte dalmate. La route de la montagne est très impressionnante. Ensuite, on descend vers Cattaro par une série de 17 virages en épingles à cheveux qui permettent de voir les formidables murailles vénitiennes.




La ville de Cattaro, peu avant la chute de la Serbie morave , craignant d'être annexée à l'Empire ottoman, demanda à plusieurs reprises à la République de Venise, à partir de 1396, d'entrer dans les domaines de la Sérénissime, mais cette dernière déclina l'invitation à sept reprises, en considération des lourdes charges que l'annexion entraînerait. A la huitième demande, après avoir longuement réfléchi à l'engagement, le Sénat vénitien accueillit en 1420 Cattaro parmi ses domaines en investissant un immense patrimoine dans la construction de la puissante fortification , encore parfaitement conservée. Encore aujourd'hui, à Venise , il est de coutume de dire d'un amant trop prétentieux " Tu m'as coûté comme les murs de Cattaro "

[Jas]

Quel bel itinéraire, j'ai très envie de t'imiter je vais en parler à Lorenza et au Dottor

[Blandine]

Une belle exploration historique et touristique. Nous sommes loin d'avoir tout vu. Zara, par exemple ...

Mais le voyage va se poursuivre encore quelques jours

[Blandine]

La République de Venise a confirmé les anciens privilèges de Cattaro et en a fait le siège d'un recteur et d'un surintendant, chargés de l'administration de la justice civile et pénale, ainsi que d'un Camarlengo et d'un capitaine, qui a été chargé de la perception des revenus et la gestion des finances publiques. Ces deux officiers, nobles vénitiens élus par le Sénat pour un an, dépendaient de l'autorité du Provveditore Generale de Dalmatie et d'Albanie , basé à Zadar . Après la chute de Scutari aux mains de l'Empire ottoman , Cattaro est devenue la capitale de l' Albanie vénitienne.



A l'époque vénitienne, de nombreux malheurs frappèrent Cattaro: la ville fut assiégée par l'Empire ottoman en 1538 et 1657, la peste sévit en 1572 et elle fut à demi détruite par le tremblement de terre de 1563 et surtout par celui de 1667 , au cours duquel la façade de la cathédrale de San Trifone avec le campanile et le palais du recteur s'effondrèrent. La cathédrale sera reconstruite puis en partie détruite de nouveau par celui de 1979. Elle a fait l'objet d'une nouvelle restauration.



Cependant, la domination vénitienne a laissé une empreinte profonde sur la structure urbaine de Cattaro et ses coutumes. L' italien était la langue utilisée dans tous les actes publics et l'enseignement, en particulier pour pousser la classe noble, la puissante classe marchande et les capitaines de mer. Même aujourd'hui, la population de Kotor parle un dialecte local qui est un mélange de vénitien et de slave.

[Blandine]

En s'avançant vers la sortie des Bouches de Kotor, on croise Perasto.
Au Moyen Âge, Perasto entra dans l'orbite de la République de Venise, à laquelle elle appartint à des périodes intermittentes puis continuellement de 1420 à 1797 .




Au XVIIIe siècle, la ville connut son moment de plus grande splendeur, avec quatre chantiers navals, une flotte d'une centaine de navires et une population de 1 700 habitants.
Grâce à l'aide spontanée apportée en 1368 à la flotte vénitienne lors d'un terrible siège, la ville obtint le titre de «gonfalonier le plus fidèle», qu'elle maintint jusqu'à la fin de la République. Par décret spécial du Sénat, la ville avait l'honneur et le devoir de garder la bannière de guerre de la flotte vénitienne. Les douze Gonfalonieri di Perasto, garde personnelle du doge, avaient la tâche de défendre la bannière sur le vaisseau amiral. Ils venaient exclusivement de Perasto.



La dévotion de la ville à la République de Venise n'a pas failli même après sa chute, le 12 mai 1797. Les Perastini décidèrent de rester vénitiens en gouvernement autonome jusqu'à l'arrivée. des troupes Autrichiens. Le comte Giuseppe Viscovich prononça alors un discourt demeuré célèbre: Ti con nu, nu con ti. Aujourd'hui, la bannière de San Marco flotte encore devant Perasto.



En face de la ville, il y a deux petites îles: l' île de San Giorgio et L'île de Scalpello. Sur le L'île de Scalpello (ou Scarpello) se dresse le sanctuaire de la Madonna dello Scarpello construite au XVIIe siècle et couronnée par un grand dôme de 1720 . L'île de Scalpello a la particularité d'être l'une des rares îles artificielles de la mer Adriatique construit à partir d'un rocher par les marins Perastini, après que deux d'entre eux y aient trouvé une statue de la Vierge en 1452. L' île de San Giorgio abrite un bosquet de cyprès et une abbaye bénédictine datant de 1166 . Au Moyen Âge elle était un centre important de rayonnement culturel.

[Joelle]

Très enrichissant ce dossier Merci Blandine de nous remettre en mémoire l'ampleur des possessions vénitiennes

Petite demande personnelle : y aurait-il moyen de pouvoir lire plus clairement la carte quand on l'agrandit??

[Blandine]

Ah difficile d'agrandir la carte. Il n'y a pas de zoom sur le forum.

Je vais voir si je peux, sans que cela soit trop lourd, trouver une carte plus grande ....

[Blandine]

La voici un peu plus grande.

[Joelle]

Merci Blandine, j'aime bien me repérer sur une carte, et la légende est très précise quant aux dates de possession de ces territoires

[Blandine]

Demi tour après les Bouches de Kotor. Nous remontons vers le nord pour aborder à Raguse. L'histoire de Raguse est très différente de celle des territoires vénitiens de la rive orientale de l'Adriatique. C'est à la faveur de la IVe croisade en 1204 que Raguse devint vénitienne pour le rester jusqu'en 1358 où la République de Raguse devint vassale de la Hongrie puis des ottomans.





Les formidables murailles entourant la ville datent de XIIIe siècle vénitien. Constamment entretenus et agrandis, ils font aujourd'hui la célébrité de Dubrovnik.



Comme on le sait bien, la ville étouffe quelque peu sous la masse des touristes et il est difficile de prendre des photos en ville sans la présence de la foule. Commençons donc par la découvrir de haut !





Demain, quelques photos de l'intérieur de la ville ....

[Jas]

Superbe, je prends note de ta feuille de route

[babeth]

que de souvenirs d'avant la guerre dans les Balkans...et que de questions relatives à la Dalmatie ds les Rallyes....merci Blandine pour ce beau voyage

[Blandine]

Et oui, je me souviens de nombreuses questions sur le Dogado da Mar !

Et bien entrons dans Raguse, ce qui n'est pas chose aisée car la foule y est dense ....

La ville close de Raguse est traversée par le Stradun d'origine vénitienne. La passage du temps et les multiples tremblements de terre qui ont affecté Dubrovnik ont laissé peu de traces de son passé médiéval vénitien allant de 1204 à 1358. Mais sont influence demeure pérenne.



La palais Sponza construit entre 1516 et 1522 est l'un des rares monuments qui ait résisté au tremblement de terre de 1667. Palais de la Divona (issue du vénitien Dogana), on y veillait sur les bonnes pratiques commerciales et le respect des contrats. Il abritait également un entrepot et l'hotel de la monnaie.



La tour de l'horloge construite en 1444 a été constamment restaurée et même reconstruite suite aux tremblements de terre. Dans la chambre des cloches, Moro et Baro sonnent les heures. Ils sont surnommés les zelenci, les verts, en raison de leur oxydation.



Le palais du Recteur (doge de Raguse) occupe l'emplacement du palais médiéval vénitien originel. Construit au XVe, il est l'œuvre d'Onofrio di Giordano. Les pouvoirs du Recteur étaient très réduits. Enfermé dans son palais, il ne pouvait en sortir que pour des cérémonies officielles.



La grande fontaine d'Onofrio, construite en 1438 par Onofrio della Cava de Naples pour commémorer la mise en service du nouvel aqueduc long de 12 km qui alimentait la ville en eau depuis la rivière Dubrovačka. Le dôme de la fontaine a été endommage par le séisme en 1667 et n'a jamais été reconstruite dans sa monumentalité d'origine.



Rassemblant les principaux monuments, le Stradun est la partie la plus densément envahie par la foule. C'est aussi la seule qui soit plate ! Le reste de la cité s'étage sur les pentes de la montagne qui l'enserre. Si l'on additionne toutes les marches des ponts de Venise en comparaison des ruelles en escaliers de Raguse, je me demande si l'on arrive à une équivalence ....



Bien sur, il y a nettement moins de monde dès qu'il s'agit de monter !

[Blandine]

En remontant vers le nord, on aborde à Lesina (aujourd'hui Hvar)

Lesina a vraiment été mon coup de cœur de ce périple adriatique !

Au XIIe siècle, l'essor de la République de Venise suite à la IVe croisade, apporte à Lesina la viticulture qui prospéra dans l'Île.
En 1331, les Vénitiens placèrent l'île sous protection contre les menaces de piraterie. Selon la paix de Zadar de 1358, l'île fut cédée au royaume de Hongrie pendant une courte période. En 1409, la République de Venise prit définitivement possession de l'île jusqu'en 1797.



Durant la longue période vénitienne, Lesina a été le principal port de Venise sur la côte adriatique. En témoigne, entre autre, le bel Arsenal qui a accueilli la galère victorieuse de Lépante et que l'on peut voir encore aujourd'hui. Au pied de la Tour de l'Horloge, la Loggia faisait office de Douane de mer. Tournée vers le commerce maritime et la défense de l'Adriatique, le Golfe de Venise à cette époque, Lesina a également prospéré grâce à la pêche et la culture du romarin, de la lavande, des oliviers et de la vigne. Le bassino devant la Piazza San Stefano a été construit au XVe siècle. Au XVIIe, le gouverneur vénitien Marco Dandolo l'a entouré d'une promenade ponctuée de petites pyramides.



Le palais du Recteur du à l'architecte vénitien Michele Sanmicheli, la loggia (douane de mer) et la tour de l'horloge. Pas moins de 4 lions de San Marco nous accueillent ici. Sur la tour de l'horloge, le pied du pilastre et le mur latéral du palais du recteur.



La Piazza San Stefano s'ouvre sur la mer. Erigée en 1445, c'est la plus grande place dalmate. Elle est bordée par la cathédrale San Stefano, le palais épiscopale, le palais du Recteur et les demeures vénitiennes des XVe, XVI et XVIIe siècles. La cathédrale San Stefano, de style codussien, a été érigée au XVIe sur la ruine de la cathédrale gothique détruite par les turcs.



L'arsenal fait face à la mer et au bassino. Il a été reconstruit en 1579 après que l'attaque turque de 1571 ait détruit le précédent arsenal, vénitien également, du XIIIe. En 1612, Pietro Semitecolo dota Lesina d'un théâtre au premier étage de l'arsenal. C'est la premier théâtre des balkans et l'un des plus anciens d'Europe.



Les ruelles escaladent les pentes jusqu'à la Fortica érigée en 1282 par les vénitiens comme les puissantes fortifications datant de 1278.



Hors les murs, le monastère franciscain et son église Notre Dame de miséricorde ont été construits de 1461 à 1475 grâce au don de Piero Soranzo, commandant de la marine vénitienne. Le campanile date du XVIe.



L'église recèle des peinture de Palama Il Giovane et de Francesco da Santa Croce. Dans le réfectoire, la Cène de Matteo Ponzoni, élève de Palma il Giovane. Ponzoni a été inscrit à la Fraglia dei Pittori di Venezia de 1613 à 1633, l'un des peintres le plus actif dans la ville tout au long de cette période. Dans son atelier, il avait comme élèves Antonio Zanchi , Andrea Celesti et Pietro Negri , qui l'assistaient dans les différentes commandes de la dernière période vénitienne. A Venise , on peut voir ses œuvres dans les églises de San Giorgio Maggiore , Madonna dell'Orto et San Cassiano.

[Blandine]

En continuant notre remontée vers le nord de l'Adriatique, nous abordons à Pola (Pula).
Située à la pointe sud de l'Istrie, Pola fut d'abord une grande cité romaine qui y a laissé un patrimoine antique important. Après les grandes invasions, Pola fut conquise en 1148 par la République de Venise puis officiellement intégrée au Stato da Mar en 1331 pour plus de cinq siècles.



En raison de sa position stratégique, Pola était utilisée comme port intermédiaire entre Venise et l'Orient. Les galères vénitiennes venant d'Orient déchargeaient leurs canons à Pola pour réduire leur tirant d'eau, compte tenu des eaux peu profondes de la lagune de Venise. Lors du voyage inverse, donc dirigées vers l'Orient, elles s'arrêtaient à Pola pour charger leurs canons.
La place principale de Pola a été construite sur le forum romain. Le palais du gouverneur vénitien érigé puis remanié du XII au XVIe siècle.



A coté du palais du gouverneur, le temple d'Auguste est dédié à la déesse Rome et à l'empereur Auguste. Il a été construit entre l'année 2 avant Jésus-Christ et l'année 14, date de la mort d'Auguste.



L'amphithéâtre. Venise envisagea un moment de le transporter à Venise même (ce qui est plutôt difficile d’imaginer). Il fut sauvé grâce a Gabriele Emo, sénateur vénitien qui en 1583 s’opposa a ce qu’il soit déplacé. En signe de remerciement les habitants posèrent sur l’amphithéâtre une plaque honorant le sénateur.



L'amphithéâtre a été construit au premier siècle, à l'époque de l'empereur Vespasien, à la même époque que la construction la plus célèbre du genre - le Colisée à Rome.

Pola est couronnée par une forteresse vénitienne construite entre 1630 et 1633. Face aux attaques répétées des pirates uskoks, le Sénat de Venise décida de construire une nouvelle forteresse et d'en confier le projet à l'ingénieur militaire français Antoine De Ville. À l'époque où elle fut érigée, elle était, d'un point de vue architectural, l'un des bâtiments les plus importants et monumentaux de la République de Venise.