Blandine
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Posté le : Mer 29 Nov 2023, 14:20:55 Sujet du message: Le Grand Feu de Léonor de Recondo |
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Léonor de Recondo est violoniste, chef d’orchestre, spécialiste de la musique baroque et ce Grand Feu est son huitième roman. Inutile de dire que dans ma bibliothèque vénitienne fournie (plus de 200 livres), les romans sur la Pieta abondent, au point que ce sujet mainte fois rebattu est devenu plutôt lassant d’autant qu’il engendre le plus souvent des œuvrettes sentimentales sans grand intérêt, mis à part le Stabat Mater de Tiziano Scarpa. Vivaldi est à la mode, après qu’il ait été très longtemps tombé dans l’oubli et c’est s’assurer un succès quasiment automatique que de publier un énième nouveau roman sur lui et les filles de la Pieta qui fascinent toujours autant.
C’est assez dire que j’avais de lourdes réserves sur ce livre et qu’il a été, au bout du compte, une très belle surprise. D’abord par son style vif et direct modulé en phrases courtes au présent, souvent sans verbe où s’insèrent pensées et dialogue dans le corps même du texte. Musical, donc, ce style sert parfaitement une intrigue vibrante tout en délicatesse qui traite de l’apprentissage d’une enfant dans la joie de la musique à l'abri des murs de la Pieta. On imagine que l’auteure a mis beaucoup d’elle-même dans cette initiation au violon qu’elle pratique depuis l’âge de cinq ans. Apprentissage de la musique et apprentissage de la vie pour Ilaria qui découvre avec ivresse toutes les sensations que lui offre le monde qui s’ouvre peu à peu devant elle. Sa passion du violon s’épanouit dans la passion qu’elle éprouve pour Paolo ardemment amoureux d’elle. Mais le jeune patricien, dont la famille est inscrite au Livre d’Or, brûle du désir de se couvrir de gloire et il part en poursuivant le rêve de reconquérir les terres vénitiennes du Stato da Mar que le turc arrache peu à peu à la Sérénissime. Sous le signe du feu, dans les murmures cette ville d’eau, ce roman brûlant ne pouvait que s’achever en tragédie pour Ilaria qui se consume (et vous le verrez) pour le violon et Paolo. |
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