il Campiello

[Lili]

Venise n'a jamais lésiné sur les fêtes qu'elle organisait et la lecture du passionant livre "Venise en fêtes" (voir section bibliothèque) me le prouve à chaque page. Voici avec un peu d'avance sur le calendrier celle de la foire de l'Ascension.


"Au printemps, Venise était envahie par les pèlerins qui embarquaient pour la Terre sainte. Les étrangers, venus des quatre coins de l’Europe, s’accordaient une halte de quinze jours dans la Sérénissime avant de poursuivre leur voyage. …
….. Place Saint-Marc, la ville leur offrait pendant quinze jours une grande foire dans laquelle ils pouvaient rencontrer non seulement des marchands, mais aussi des artistes.
…. Les commerçants, installés dans des boutiques en bois et en toile, étaient regroupés selon la nature de leurs marchandises : orfèvres, verriers, antiquaires, libraires, drapiers, fabricants de perles de verre, cordonniers, tapissiers, lainiers, passementiers, peintres, sculpteurs….
Les peintres et sculpteurs organisaient une véritable exposition collective où les amateurs, qui ne pouvaient manquer cette occasion unique, côtoyaient des artistes confirmés et des œuvres présentées pour la première fois. C’est ainsi qu’en 1778, lors de cette même foire, Antonio Canova exposa son exposa son groupe en marbre » Orphée et Eurydice » puis, l’année suivante, son « Dédale et Icare » auquel fut fait un triomphe.
D’autres curiosités ponctuaient cette manifestation. En 1751, la foule s’émerveilla devant des perruques faites avec un fil de fer d’une extraordinaire finesse, exécutées par un coiffeur nommé Francesco. Il était d’ailleurs courant qu’on montrât des animaux rares et exotiques.
Les étrangers venaient en grand nombre, moins pour gagner une indulgence que pour acheter des soieries et des draperies que Venise importait d’Orient, ou bien des objets en verre, des miroirs, des bijoux en or ou en argent qui, eux étaient typiquement vénitiens.
L’afflux de visiteurs était tel, et les mouvements d’argent si importants durant ces quelques jours, que des mesures de surveillance particulières étaient prises pour prévenir les vols et éviter d’éventuelles agressions. Dans la foule se mêlaient et se fondaient hôtes illustres, aventuriers, marchands, hommes d’affaires, curieux et charlatans. En 1493, Béatrice d’Este, richement vêtue comme il était d’usage en ces jours de fête pour les jeunes épouses (elle était celle de Ludovic le More, duc de Milan) , visita longuement ce célèbre marché …. La beauté des verreries de Murano l’enchanta.
Tout autour de la foire, les manifestations publiques et privées fleurissaient et les occasions de s’amuser ne manquaient pas. L’usage du masque était autorisé et, après la longue saison du Carnaval, les théâtres musicaux rouvraient leurs portes pour quinze jours.
Les femmes profitaient de ce moment idéal pour faire étalage de leurs vêtements richement ornés d’or, de perles et de pierres précieuses. Au XVIII° siècle, la Piavola de Franzia (la poupée de France), exposée à la Merceria donnait le ton de la mode française aux élégantes.
Seules des circonstances exceptionnelles – l’élection d’un doge ou l’une de ces épidémies alors si fréquentes et dont on redoutait tant la contagion – pouvaient interdire cette foire. Mais le profitqu’on tirait des ventes durant ces quelques jours était si important qu’une fois passé le moment critique, les boutiques rouvraient et l’activité repartait de plus belle !
Adossées les unes aux autres dans le plus grand désordre, et favorisant ainsi les incendies, les boutiques furent bientôt soumises à une réglementation qui imposait un emplacement à chacune. On connaît au XVI°siècle deux interventions de ce style : celle de Mastro Buono en 1534 ; et celle de Jacopo Sansovino , en 1574.
Un premier essai d’organisation globale fut tenté en 1766. Mais les boutiques de la Sensa ne furent intégrées dans un ensemble unitaire qu’en 1777, avec la Fabbrica de l’architecte Bernardino Maccaruzzi. Cet ouvrage rompait avec la tradition : de forme elliptique et pourvu de quatre entrées, il était entièrement réalisé en panneaux de bois encastrés, d’une construction aisée et facilement démontable. La réalisation en incomba au menuisier Giovanni Monaco, qui en obtint l’abjudication pour lui et ses héritiers pour une période de vingt-six ans. Cette construction temporaire abritait cent quatorze boutiques réparties en quatre secteurs dans les deux ellipses (interne et externe) et dans les entrées. Son coût fut exorbitant :5 788 ducats. Pour soutenir cette dépense en couvrant au moins une partie des frais, le Sénat ordonna à partir de 1777 un tirage supplémentaire de la loterie publique. En ces années, l’économie vénitienne était sur son déclin et la Sensa périclitait ; puis en 1797, le gouvernement démocratique fit brûler l’ambitieuse construction de Maccaruzzi, détruisant en même temps un mythe qui pourtant avit été savamment tissé »
Venise en fêtes - Lina Urban / Giandomenico Romanelli/ Fiora Gandolfi
Editions CHENE
isbn / 2.85108.724 X

Quel spectacle ce devait être et surtout quelle vision de la Pizza avec cette Fabbrica

[Gérard]

Superbe .
Venise éternelle , reste ainsi !
Un petit mot de Fiora , s.v.p. et s'il y a .

[Lili]

Hélas non, Gérard, pas de chapitre spécialement signé Fiora Gandolfi...
Mais juste pour vous
http://www.fioragandolfi.com/about.htm

http://www.natart.it/photo/faces/fiora.frame.jpg :wink: :wink:

[Gérard]

Quelle allure !
Mme Récamier . Prénom Juliette .
Fiora Gandolfi fit quelques études au lycée Chateaubriand , à Rome .
Il en reste , on le voit , encore quelque superbe trace .
Mais aussi , des débuts en journalisme avec Dino Buzzati .
I'am péting un gros plomb .
L'interview de Bernard Pivot eut donc bien lieu sous ce superbe stuc , j'm'en souviens .
Quelle classe !
Merci Lili .