il Campiello

[Blandine]

C'est peut-être trop perso non? la première rencontre, ça fait "fleur bleue"?
Vous êtes tous des super passionnés de Venise et personne n'a raconté "Sa" première rencontre.
Ou bien c'est trop scolaire: prenez un feuille et décrivez vos vacances, bref le genre de truc pas drole ... mais quand même, se serait bien de partager ça? non?
C'est d'ailleurs ce qui differencie les natifs des autres, ceux qui sont nés dans le reste du monde ... est-ce que, quand on nait à Venise il y a un moment privilégié où on prend conscience tout d'un coup qu'on vit dans un lieu d'exception?
Enfin bref, la première fois que j'ai rencontré Venise, c'était au mois de mars en fin de journée. Le soleil orange qui nimbait la lagune s'est abîmé d'un seul coup derrière l'horizon alors que j'étais sur le bateau: nuit d'encre (de seiche biensur) rendue encore plus totale par les vitres du bateau opacifiées par la buée et l'eau salée. Quelques lueurs dans le noir et un taux de frustration de 100% dans la région du coeur pas très facile à gérer. Puis je me suis dit: bon , c'est un obstacle de plus, dans la traversée pour aborder au rivage de l'Autre Monde (très celtique comme pensée) et j'ai eu le présentiment d'une épiphanie, quand le voile de la nuit se déchirera...
Enfin j'aborde à San Marco, le sol dallé est un peu mouvant sous mes pieds, il y a une balustrade blanche neoclassique à droite, la lumière est faible et douce mais elle ne cache pas le mur de cartes postales qui me rend un peu nauséeuse. J'avance et j'arrive sur la Piazzetta et je suis comme la petite Jane dans Mary Poppins qui entre dans le tableau dessiné à la craie. J'ai tellement vu cette place peinte... et, de l'autre coté du tableau, il y a comme une porte qui ouvre sur le lacis des calli et des rii de Venise dans la lumière incertaine; Et voilà, c'est là que ça se produit: je suis saisie, ravie, prise, enlevée, élevée, enchantée par le charme si puissant de ce lieu à nul autre pareil...
Et chaque fois c'est la même chose ... ça s'appelle le bonheur, non?
Le lendemain matin, je n'avais qu'une trouille, c'est qu'à la lumière du jour le charme ne se rompe ... et bien même pas vrai... c'était miraculeux, merveilleux ... ah la la ...

[Catherine C.]

Très bonne idée Blandine, la description de la première rencontre avec Venise :D :D et Bravo d'y avoir pensé!
En tous cas ta place est vraiment bien parmi notre club de DD (ou si tu préfères les DOUX DINGUES de Venise) :wink: :wink:

[Jas]

[Blandine]

J'avais déjà "visité" tes souvenirs, seigneur du donjon! et je les trouve tellement touchants ... oui ce devait être une belle enfance que de vivre "la haut". J'attends avec impatience ceux des campiellistes venitiens ... et les recits des autres sur les first impression (cf Jane Austen)

[Zen]

pour moi, j'avais 15 ans, c'était à l'occasion d'un voyage scolaire avec notre professeur d'italien. Je lui voue une reconnaissance éternelle (Ah, carrément !). Il n'a pas réussi à me faire rentrer l'italien dans le crâne, le pôvre, mais l'amour de Venise, ça oui
De ce voyage, je garde une impression irréelle, le souvenir de m'être échappée dans les arcanes du temps :wink:... magique ! ...

[Blandine]

A propos d’italien, après être revenu de Venise la première fois, je me suis dit qu’il fallait que j’apprenne à le parler au moins un peu. Je connaissais déjà quelques mots parce que j’adore l’opéra (sospir, morir est-ce que c’est bien ça ?) mais bon c’est un peu juste. Donc je me plonge dans « l’Italien de poche » et au séjour suivant je me présente pour acheter les billets pour le bateau … résultat : air ahuri de la dame , yeux ouverts comme des soucoupes et réponse en anglais de sa part . Ca refroidi ! et ça a mis fin à mes velléités de tenter d’essayer de parler une langue que je trouve pourtant si belle. So, when I’m in Vénice, I speek english

[DOTHUAR LAINA]

Tu sais Blandine, si tu ne veux pas t'enquiquiner avec la langue, parles tout simplement français et 80% des commerçants te comprendront, c'est du moins ce que j'ai constaté.

Ceci dit, ne baisses pas trop vite les bras, en persévérant tu devrais pouvoir y arriver, c'est une si belle langue ...

Personnellement, je m'accroche et je progresse poco a poco . . .


:wink: :wink: :wink:

[Zen]

et moi, j'ai bientôt tous les manuels de la création (livres, CD, DVD... mari italien.... ) mais pourquoi ça ne rentre pas bon sang, de bonsoir

[Jas]

[Zen]

[Amarone]

Perso, j'avais 3-4 ans et j'y allais chaque année car j'avais de la famille dans le coin...

Donc, pas de souvenir de "1ère fois", Venise a toujours été là...

[labeuquette]

moi, j'ai déjà raconté : c'était en mai 2003... en venant de Punta Sabionni en début d'après-midi par vaporetto... arrivée directe sur le molo et ce sublissime alignement de la Salute au Danielli... Frissons assurés ! Ayant profité d'une opportunité via mon comité d'entreprise, je ne connaissais quasiment rien de Venise, si ce n'est une petite prépa via le guide Gallimard... premier aprés-midi sur la Piazza et perdu dans le Castello...
Depuis... 7 autres séjours...
PS : je n'ai connu le Campiello que quelques jours après mon retour, voulant déjà en savoir plus... j'ai été plus que comblé ! :wink:

[DOTHUAR LAINA]

Pour tout vous dire, mon épouse (Christiane) et moi avons un couple d'amis (des amis de 35 ans que nous avons connus lorsque nous étions jeunes mariés ... eh oui, le temps passe !!!) dont l'époux (j'allais dire le mâle ...) est d'origine vénitienne (son père est né à Eracléa ). Et, dès que nous les avons connus, lui n'a eu de cesse de me rebattre les oreilles avec "sa" Venise et il voulait à tout prix m'y emmener.

A l'époque j'avais bien d'autres préoccupations que d'aller fouiner dans les vieux palais et les églises. J'étais plutôt du genre "footeux", pseudo-sportif, et plus porté sur la fiesta que sur d'autres activités.

Un petit veau, pas un boeuf, mais presque ... je déclinais donc régulièrement ses invitations au voyage.

Les années passant, et faisant leur oeuvre, je me suis progressivement calmé et, un jour, subrepticement, ce même ami (qui au fond n'avait toujours pas renoncé . . .) m'a convaincu de le suivre dans une troupe de théâtre amateur, ce que j'ai fait avec grand plaisir et beaucoup de curiosité.

De fil en aiguille, je me suis retrouvé après avoir goûté a Feydeau, Tchekov, Tardieu et tant d'autres, en costume du Dottore dans un scénario de Commedia Dell'Arte !!!

Le poisson était ferré, et je me suis retrouvé, tout naturellement, participant au premier voyage que la troupe organisait à l'occasion du Carnaval de Venise, pour venir s'abreuver à la source du genre théâtral auquel nous nous consacrions.

On était en 1984 ou 1985 et alors là !!!! LA REVELATION !!! . . . en descendant du car Piazzale Roma vers 7 heures du matin au tout début de février dans un froid glacial, en traversant le premier petit pont puis en franchissant le Ponte dei Scalzi, j'ai eu comme l'impression que j'avais toujours connu cet endroit, comme si lors d'une vie antérieure j'y avais vécu. C'était un sentiment étrange que j'ai tout de suite fait partager à mon épouse qui semblait très amusée et qui n'osait pas me contrarier, en fait elle appréciait elle aussi beaucoup ce lieu que nous découvrions ensemble.

Pendant les quatre petits jours que dura notre premier séjour, j'ai continué à avoir la même sensation et je présentait un enthousiasme, une sorte de boulimie de découvertes que je n'aurais pas soupçonnée une semaine avant, je prenais un plaisir fou à essayer de me perdre dans les calli et campielli, sans y parvenir, et avec toujours la même impression de déjà vécu. C'était IMPRESSIONANT !!! et ENTHOUSIASMANT !!!

Depuis, en y retournant régulièrement (environ deux fois par an, quelquefois trois . . .), sans avoir perdu cet enthousiasme et cette envie de découvrir mais en les ayant quelque peu canalisés, je crois avoir compris que cette ville est sans doute une des seules au monde (car pour l'instant je n'en connais pas d'autre) qui soit réellement à dimension HUMAINE, créée par des humains pour des humains. Quand on y regarde de près on se rend bien compte que depuis plusieurs siècles, la vie s'est organisée ici de façon harmonieuse et intelligente, et on s'y fond comme le sucre dans le capuccino, en douceur et avec volupté . . . C'est sans doute pour cela que j'avais ressenti cette impression d'y avoir déjà vécu, c'est en fait une ville "sur mesure", comparée au "prêt à porter" de nos métropoles.

Voilà, vous savez a peu près tout ce qui a fait que, depuis tout ce temps, sans prédisposition particulière, je me trouve toujours aussi fasciné et accroché à cette ville dont je ne connais pas encore le millième des secrets. Mais dans le fond, ce n'est sans doute pas ce qui m'importe le plus puisque rien que le fait d'y être présent me comble de bonheur.

Cependant, désormais avec tout ce qui se passe, ce qui se dit, ce qui se voit et ce qui se lit sur le Campiello, je sens bien que je vais, sans effort, brûler les étapes et rapidement corriger mon inculture . . .

[J@M]

Moi, à 10-11 ans avec en mémoire... Venise ! Mais deux "détails" qui en émergent et que je n'ai pas pu réitérer à l'âge adulte: Une jolie chambre sur le Bacino au Danieli et la lumière d'une belle fin de journée d'été à la pointe de la Douane de Mer... (Pour la Douane j'ai quelque espoir...)

[Blandine]

Pour répondre à Dothuar Laina: Oui c’est vraiment un sentiment étrange et très troublant que cette certitude de déjà connaître Venise la première fois qu’on la rencontre. Alain Vircondelet, qui écrit si merveilleusement sur Venise, analyse dans son introduction à « Venise, un Art de Vivre » cette impression :

« On entre dans Venise et c’est comme si l’on entrait dans un connu de soi obscur et soudain reconnu »

J'aime beaucoup ce texte et je crois que je vais beaucoup le citer