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Vecellio

Inscrit le : 09 Mars 2006 Messages: 769 Localisation : Trop loin de la Lagune!...
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Posté le : Ven 10 Avr 2009, 00:14:57 Sujet du message: Pierre-Paul Rubens |
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PIERRE-PAUL RUBENS (1577-1640)
Peintre célèbre et célébré de son vivant, il fut « Le Homère de la peinture » pour Delacroix, tandis que Les Phares, de Baudelaire, dans Les Fleurs du mal, commencent par : « Rubens, fleuve d’oubli, jardin de la paresse/oreiller de chair fraîche où l’on ne peut aimer/mais où la vie afflue et s’agite sans cesse/comme l’air dans le ciel et la mer dans la mer ».
Rubens eut en effet une carrière exceptionnelle, anversoise et internationale. Il est né en Westphalie, à Siegen, de parents flamands : sa famille catholique était partie des Flandres en proie aux luttes religieuses, puis revint au moment du retour au calme. Il effectua ses études à Anvers, notamment à l’école latine de Rombout Werdonck, où il acquit une véritable culture humaniste, grâce à l’étude des langues anciennes et au goût pour l’antique. Sa formation eut lieu chez plusieurs peintres, dont Otto Vaenius, allé en Italie et auteur de deux livres d’emblèmes au début du XVIIe siècle.
Dès 1598, Rubens est maître. En 1600, il part pour l’Italie. Allant à Venise, Rubens est attesté à Mantoue, au service des Gonzague, comme artiste et diplomate pendant plus de 8 ans :c’est là qu’il réalise en 1604 La Transfiguration, aujourd’hui au Musée des Beaux-Arts de Nancy. A Florence, il assiste par procuration au mariage de Marie de Médicis et Henri IV en 1600. Après un séjour génois, Rubens se trouve à Rome en 1601-1602, où il peint sa Mise au Tombeau, conservée à la Galerie Borghèse. Rubens effectue aussi un séjour en Espagne en 1603, envoyé en mission diplomatique par le Duc de Mantoue. Tous ces déplacements lui permettent de se familiariser aussi bien avec les grands peintres du XVIe siècle qu'avec des artistes récents comme Caravage ou Annibale Carrache, grâce notamment aux visites des collections princières et à de nombreuses copies.
Apprenant que sa mère est malade, Rubens retourne en 1608 à Anvers, mais sa parente décède avant qu’il ne revienne…Arrivé à Anvers en 1609, il épouse la même année Isabella Brant (qui mourra en 1626) et achète une propriété qui sera achevée en 1618 : ce somptueux bâtiment à l’italienne, abritant de riches collections d’art, est appelé le Rubenshuis.
Il mène une carrière à la fois artistique et diplomatique : en 1612, il peint une monumentale Descente de croix pour la cathédrale d’Anvers, œuvre magistrale par son harmonie coloriste et son rythme formel. En 1622, Rubens est appelé à Paris pour réaliser l'une de ses premières grandes entreprises en dehors des Flandres : commanditée par la veuve d'Henri IV, la galerie Médicis narre la vie de Marie de Médicis en croisant l'allégorie, la mythologie et l'histoire événementielle. Autrefois au Palais du Luxembourg et aujourd'hui au Louvre, ces 24 tableaux marquèrent durablement les peintres français de Le Brun à Delacroix en passant par Watteau, impressionnés par la force de la couleur et la vigueur plastique du cycle. C'est probablement dans les mêmes années qu'il peint l'un de ses plus beaux portraits, Le Chapeau de paille (Londres, The National Gallery, vers 1622-1625), qui représenterait Suzanne Fourment, futur belle-sœur de l'artiste : par son raffinement dans les matières, son ciel vivement brossé et sa sensualité délicate, cette captivante effigie féminine annonce l'art du portrait du XVIIIe siècle, aussi bien Vigée Le Brun que Gainsborough.
L’infante Isabelle, gouvernant les Pays-Bas depuis la mort de l’archiduc Albert, envoie en 1628 Rubens près du roi d’Espagne afin de rapprocher les cours de Londres et de Madrid, suite aux contacts de Rubens avec le duc de Buckingham dès son séjour parisien de 1625 : très productif, Rubens peint en Espagne le portrait de Philippe IV, ainsi que des copies d’après les Titien des collections royales. En contact avec Velázquez, il réalise aussi des tableaux mythologiques pour le pavillon de chasse de la Torre de la Parada, près de Madrid (dont on conserve de superbes esquisses, notamment à Bruxelles et Bayonne). En 1629-1630, il mène une autre mission diplomatique, auprès de Charles 1er à Londres, où aussi il peint à Whitehall La Paix et la guerre, un plafond à la vénitienne avec des tableaux placés dans des cadres en bois doré et une vue da sotto in su.
En 1630, il épouse Hélène Fourment, sœur du beau-frère de sa propre première femme, qui avait 16 ans alors que Rubens en avait 53…Malgré cette différence d'âge, c'est un mariage très heureux, amenant le peintre à s'orienter vers des sujets familiaux, en représentant son époux avec leurs enfants, ou bien sous l'apparence d'une Vénus pudique dans La Petite Pelisse (Vienne, Kunsthistoriches Museum, vers 1638). Dans le registre intimiste, Rubens se tourne aussi vers des scènes de genre, telle La Kermesse (Louvre, vers 1635-1638) où il reprend les thèmes paysans de Pieter Brueghel dans une oeuvre pleine de verve et de mouvement qui évoquerait presque Les Flamandes de Jacques Brel...
Sa dernière mission diplomatique a lieu en 1633, auprès des États généraux de Hollande, avant de retourner à Anvers où il meurt en 1640.
L’influence de Rubens est immense : il est l’auteur d’un corpus considérable, comprenant 1500 œuvres dont un tiers d’esquisses, impliquant non seulement une grande capacité de production personnelle mais aussi un atelier extrêmement organisé avec de nombreux élèves, ainsi que des collaborateurs apportant leur concours pour tel ou tel élément de l'œuvre (Frans Snyders pour les animaux, Daniel Seghers pour les fleurs, etc...). A la fois chef-d'entreprise, peintre et diplomate, Rubens appartient à ces grands artistes du XVIIe siècle, tels Velàzquez et Le Brun, qui usent de leur génie pour atteindre les plus hauts rangs de la hiérarchie sociale.
Héritier de Titien, il inspira les plus grands coloristes européens, au point que son aura a fait basculer l'école française dans le triomphe de la touche vive autour de 1700. Il reste l’artiste qui a su synthétiser les influences italienne et flamande, par ses œuvres qui mêlent à l'idéalisation formelle chère à l'art transalpin, le goût du détail vrai propre à la culture nordique. Véritable poète de la chair, Rubens traduit dans la figure humaine toutes les passions, du sublime mystique à l'intimisme personnel.
RUBENS A VENISE
Vierge à l’Enfant avec le petit saint Jean-Baptiste, Venise, Santa Maria del Giglio (huile sur panneau transposé sur toile, 154,5x112,5 cm)
Présente dans l’église vénitienne depuis la donation en 1709 du prêtre Andrea Vescovi, cette œuvre de Rubens est la seule actuellement conservée à Venise. Pendant longtemps méconnue, cette Madone a retrouvé un certain intérêt auprès de la critique dès 1959, année de sa restauration et de sa présentation à l’exposition « La pittura del Seicento a Venezia ». Elle a d’ailleurs été restauré une seconde fois en 1990 : il se trouve que le tableau nous parvenu en mauvais état de conservation, suite probablement à un incendie, lequel a dû entrainer la transposition du support de bois sur toile.
Cette opération intervenue à un moment incertain explique la facture assez particulière du tableau actuellement : les figures bibliques sont dues à Rubens et se trouvaient sur le panneau originel, tandis que le fond sombre et peu déterminé serait plutôt l’œuvre d’un peintre vénitien de la seconde moitié du Seicento. L’attribution de l’œuvre a connu en effet certaines variations depuis le XVIIème siècle : si les rares sources anciennes la donnent sans réserve à Rubens, Moschini en 1815 y voit une belle copie et Zanotto en 1856 une bonne imitation du maître ; mais au XXème siècle, elle est finalement considérée comme une œuvre de Rubens, bien que ruinée et restaurée, par des critiques tel que Muraro ou Jaffé et exposée comme telle lors de l’exposition italienne « Pietro Paolo Rubens » en 1990.
La convergence des critiques vers une œuvre autographe s’explique par la qualité réelle de l’œuvre, réévaluée grâce aux restaurations récentes : la monumentalité plastique des figures, notamment des enfants au corps sculptural, se rapporte à la virtuosité de Rubens, de même que le brio coloriste qui joue habilement des laques et des glacis dans le manteau de la Vierge ou la vivacité des chairs et l’intensité des regards.
Néanmoins, si la paternité rubénienne semble vraiment sûre, la datation de l’œuvre n’est guère aisée, de même que le contexte de sa commande : la parenté stylistique avec des tableaux des années 1610, tels le Samson et Dalila de la National Gallery de Londres ou l’Autoportrait avec des amis du Wallraff Richartz Museum de Cologne, indiquent une place chronologique dans cette décennie, encore fortement marquée par les contacts avec le caravagisme, Michel-Ange ou Titien du long séjour italien des années 1600-1608. Un autre témoignage en faveur d’une datation de la jeunesse de l’artiste est une version plus célèbre de la composition de notre tableau, peinte autour de 1620 et actuellement conservée à la Fondation Thyssen-Bornemisza en Espagne : la Vierge est toujours en compagnie de l’Enfant et du petit saint Jean-Baptiste avec l’agneau symbole du sacrifice du Christ, mais cette fois intervient saint Anne, mère de la Vierge, devant une colonnade. Les schéma iconographique de cette œuvre, fort appréciée et copiée par l’atelier de Rubens, s’inspire
d’œuvres significatives de la haute Renaissance, comme au Louvre La Grande Sainte Anne de Léonard ou La Grande Sainte Famille, dite de François 1er de Raphaël.
Le style de notre tableau a beau être encore fortement tributaire des maîtres italiens, il n’en reste pas moins certainement exécuté après le séjour en Italie de Rubens. On rappelle que ce dernier, surtout attesté auprès de la cour des Gonzague à Mantoue, a voyagé dans la péninsule à Rome, Gênes ou Florence, et très probablement à Venise, visite guère documentée mais très probable : si l’assimilation du style de Titien a pu passer par la connaissance des collections royales anglaises et espagnoles, la familiarité de Rubens avec l’œuvre de Tintoret, notamment ses grands tableaux religieux, témoignent en faveur d’un séjour vénitien du maître anversois. Ainsi, la Madone de Santa Maria del Giglio serait redevable à ce séjour mais exécutée postérieurement : reste désormais à déterminer quand et pour qui fut peint ce tableau religieux, connu dès le début du XVIIIème siècle dans la cité des Doges, par le plus grand interprète flamand de la manière vénitienne. |
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Jas Site Admin

Inscrit le : 17 Avr 2005 Messages: 11939 Localisation : Vendômois
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Posté le : Ven 10 Avr 2009, 18:37:59 Sujet du message: |
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Merci Vecellio
Rsete plus qu'à "prendre" une photo de l'oeuvre .. pas facile c'est très sombre  |
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Gérard
Inscrit le : 18 Avr 2005 Messages: 1783 Localisation : Orléans
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Posté le : Ven 10 Avr 2009, 18:44:48 Sujet du message: |
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Le cycle de Marie de Médicis est extraordinaire .
Jamais on peut s'imaginer qu'un seul peintre , et lui seul , ait pu réaliser une suite pareille .
C'est fou ! Tellement c'est grandiose .
Et pourtant Richelieu , ce reître impitoyable et visionnaire , va pousser Marie vers la sortie . Sans pitié et définitivement . Et chez Rubens d'ailleurs . Après la disparition du peintre . Un pur hasard . |
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