il Campiello

[Martine]

"Marc Alyn est un amoureux de la Sérénissime où il se rend régulièrement.
De ses nombreux séjours, saisissant la quintessence, il offre ici une Venise vivante, habitée et sensuelle, qui regorge de saveurs et de rencontres. Dans les églises, sous les porches, au coin des canaux, dans les palais, Marc Alyn nous donne accès à une Venise secrète, celle des arcanes du tarot et de la vie cachée des Vénitiens. Sept voyageurs transfigurés accompagnent ce périple dans la Cité : D'Annunzio, Brodsky, Wagner, Byron, le baron Corvo, Corto Maltese et Ezra Pound.
Avec vigueur et style, Marc Alyn renouvelle l'approche et la sensibilité à l'égard d'une ville tant parcourue et magnifiée sous toutes ses formes dans la littérature."

Ce livre, paru en 2005...vient d'être ré-édité en collection de poche.
Voilà un livre qui devrait plaîre à Stef* :wink: presque tous ses "amis"...(c'est à dire: ceux qui viennent de nous faire "souffrir" pendant 2 mois!) sont présents! :wink:

Bon, c'est vrai je ne suis pas sûre qu'il en apprenne grand'chose! :? Mais moi: oui...certainement!

[Blandine]

Marc Alyn est poète, essayiste et critique. Son oeuvre a été couronnée de prix prestigieux, parmi lesquels le Prix Max Jacob et le Grand Prix de poésie de l'Académie française.

Ce joli livre en forme d’itinéraire est un plaisir savoureux d’esthète.

La première moitié de l’ouvrage, c’est d’abord l’itinéraire de Marc Alyn lui-même. Promeneur amoureux, il nous emmène au rythme nonchalant de ses pas, relève mille détails, raconte avec élégance mille anecdotes savantes ou pittoresques, glisse avec gourmandise du présent au passé, de la foule des touristes au Rialto à l’évocation de l’Arétin, convoque les peintres et les écrivains, les épices et le café « qu’on doit laisser reposer le temps d’un credo », cite telle et telle phrase délicieuse découverte au coin d’une lecture. J’ai vraiment adoré son style et il faudrait citer tout le livre pour en rendre compte, mais voici l’Arétin, tel qu’il le voit « imposant, barbu, alourdi de pourpre et de sarcasmes, ainsi que Titien l’a représenté. Figure terrible de l’intelligence qui ne recule devant rien pour assouvir une sensualité d’ogre et de minotaure … » et Giorgione qui « peint l’éternel instant où l’homme se tient au bord de Dieu … » et Torcello où « le sable, l’eau et le ciel se mélangent comme si la Création du monde y demeurait à l’état de projet ».

La seconde moitié est, quant à elle consacrée à l’itinéraire de sept voyageurs transfigurés, sept petites biographies pleine de tendresse, de délicatesse et de saveur : Eléonora Duse, comblée, désespérée, confiante, Joseph Brodsky, entré dans son autoportrait flottant dans l’air froid, Richard Wagner qui, devant l’Assomption du Titien, laisse libre court « à une dimension de virtuosité jubilatoire encore inexploitée chez lui », Byron, le nageur du fleuve Amour, Corvo, entre le diable et le bon Dieu, Corto Maltese, dans le labyrinthe, Ezra Pound, le poète au cerveau brûlé.

En appendice, pourrait-on dire, un dernier chapitre verse dans l’occultisme avec le Tarot de Venise pour lequel j’ai été, il faut bien l’avouer, plus réticente. Mais, qu’il soit pardonné, car l’ensemble du livre est un délice !