il Campiello

[dominique M.]

[Blandine]

Je travaille sur Canaletto ...

Beaucoup de travail et de choses à rassembler

[Blandine]

....

La fin du parcours approche. Des Vivarini aux Guardi, la peinture à Venise, c’est avant tout une affaire de famille. Et ce qui me frappe, c’est qu’au delà des styles et des époques, une caractéristique se dégage des œuvres vénitiennes : plus que la couleur et la lumière, c’est l’extraordinaire vitalité de cette peinture. Je crois que nulle part ailleurs et même en Italie, on ne retrouve cette effervescence singulière. Sans doute que cette cité, à nulle autre pareille, a su engendrer un art qui lui ressemble.

Il reste un artiste, singulier, lui aussi. Il n’appartient pas au cénacle, il ne fait pas partie vraiment des familles de peintres de Venise. Il a trouvé sa voie à Rome, ses acheteurs sont, pour la plupart, étrangers. Il quitte Venise pour Londres pendant une dizaine d’années. A son retour, son élection à l’Académie, en 1763, se fait non sans mal. Un premier scrutin, le 16 janvier, n'a pas réuni le nombre de voix nécessaires. Le deuxième scrutin, le 11 septembre, a dû son succès à l'appui d'Antonio Visentini. Sa pièce de réception, Perspective avec un portique, est un caprice genre peut-être marginal dans sa production artistique, mais qu'il affectionne. Et, pourtant, il s’agit de Giovanni Antonio Canal dit Canaletto (18 octobre 1697 - 19 avril 1768).











Le Grand Canal avec vue vers le Pont du Rialto 1720-1730


Ses détracteurs disent de lui qu’il ne fut qu’un vendeur de cartes postales. Quelle erreur !!! En fait, et bien qu’il utilise la camera oscura pour ses travaux préparatoires, il arrange l'exactitude topographique pour donner l'illusion d'une Venise encore plus harmonieuse. Il change l'angle d'un bâtiment ou la courbe du Grand Canal pour construire sa propre vision de la cité. Il est capable de sublimer la réalité en jouant avec les proportions, la position et l'orientation des bâtiments. Contrairement à la photographie, il n'utilise pas un point de vue unique mais les multiplie.




Le Grand Canal et l'église de Santa Maria della Salute, 1730.







Veillée nocturne à San Pietro di Castello et Veillée nocturne au bord de Santa Marta.
On peut situer leur réalisation entre 1758 et1763. Ils figurent parmi les rares tableaux de nuit de Giovanni Antonio Canal, et ils représentent les moments marquants de deux importantes célébrations : les gens joyeux sur les bateaux et sur les bords ne sont éclairés que par la lumière diffuse de la lune.





Et puis, son décor dressé, il pose ses personnages comme on épingle des insectes. Canaletto est un scientifique et un observateur aigu. On lit ses tableaux comme lirait les volumes de l’Encyclopédie, comme on feuillèterait un herbier. Car il faut s’approcher de plus près et on découvre alors un homme portant une perruque frisée noire. Il est vêtu de la longue veste à boutons qui tient lieu de bijoux pour les nantis de l’époque. Accompagné d’une petite fille, il examine une lanterne avec attention. Les ouvriers travaillent à réparer le toit, une dame se divertit du mouvement que font les gens, des magistrats échangent entre eux, ou sont attablés, plume à la main, prêts à procéder à l’enregistrement de documents, on décharge des bateaux sur le quai, quelqu’un s’affaire devant un capitello, on traverse le canal en gondole, une dame lit une lettre sous le felze, c’est tout le peuple de Venise qui s’anime devant nous avec une précision, un sens du détail et une virtuosité qui ne sera plus jamais atteinte. Canaletto ne peint pas des vedute, il peint la vie à Venise.








Le Campo di Rialto. 1758 1763
Ce tableau a été commandé par le marchand et collectionneur berlinois Sigmund Streit qui, après avoir été actif à Venise, au Campo di Rialto justement, où il exerçait ses activités commerciales, s’est ensuite retiré à Padoue avant de regagner Berlin.

Avec la fin du XVIIIè siécle, ce n'est pas une page qui se tourne, c'est un livre qui se referme. Un monde s'éteint, non seulement à Venise, mais dans l'Europe entière. On entre dans une autre civilisation et ce serait une autre histoire que de la raconter. Il faudrait aller à la Ca' Pesaro, recenser les peintres vénitiens du XIXè et du XXè, mais je ne retrouverai pas une collection aussi représentative que celle de Berlin. Et puis, il y a tous les peintres étrangers qui sont venus peindre Venise. Encore une autre histoire !!!

Peut être, un jour ...

[Zen]

[Cothraige]

Merci Blandine, d'animer si richement les visites estivales des campiellistes sur le site On se régale...

[dominique M.]

ah! Blandine ...

CANALETTO .... le maître des védutistes... le Maître tout court

pas seulement s'approcher, à la loupe, Blandine, à la loupe....!

cette expo à Paris .... c'était trop beau

http://www.musee-jacquemart-andre.com/fr/dossiers/canaletto-guardi-deux-maitres-venise-2012?galerie=1

[Véronique]

Merci Blandine ! c'est un vrai régal de te lire!!!

[babeth]

Bluffante la richesse de ce musée Berlinois ! merci pour ce beau boulot très appréciable pendant ces grosses chaleurs hi hi hi !!!!

[Blandine]

Il faisait moins chaud, et même franchement très froid, quand nous sommes repartis sur la piste des œuvres vénitiennes dispersées.

Nous voici dans une galerie qui recèle quelques œuvres vénitiennes - beaucoup moins qu'à Berlin - mais surtout, un tableau Majeur que je peux enfin, enfin VOIR !!!

Malheureusement, nous n'étions pas prévenus que la durée de la visite était strictement limitée à deux heures, deux heures, c'est rien, alors, beaucoup de choses nous ont certainement échappé, quelle misère !!!

Ainsi donc, un petit détail de ce grand tableau, grand par sa taille, par son génie et son mystère ...



Commençons donc par deviner quel peut bien être ce tableau

Ensuite, nous visiterons la galerie

Réponses en mp

[Blandine]

Vous avez été plus rapides que moi qui n'ai pas pu me rendre sur le forum depuis dimanche !!!

Bravo à Dany, Martine et ear 78 qui ont remarquablement répondu à la question de savoir quel pouvait bien être ce tableau et où on peut le voir.

Je peux même vous dire que, en 1899, les Rothschilds ont offert d'acheter ce tableau célèbre dans le monde entier à un prix qui était supérieur à la valeur de la Galerie et de tous ses objets d'art. Cependant, il est resté à la Galerie et en est devenu le symbole.

Et voici d'autres morceaux du puzzle

En haut, à gauche.



En haut, à droite.



Et au milieu.



Vous devez reconnaître ce petit amour.

[Blandine]

babeth a reconnu ce petit amour et le lieu où on peut le voir

Ce soir, vous aurez droit à un visage bien reconnaissable !!!

[ear_78]

[Blandine]

J'ai trouvé cette mention à plusieurs reprises, mais sachant que chacun recopie ...

Il semble bien que la famille voulait tellement ce tableau qu'ils étaient prêts à payer pour l'avoir plus que la valeur du bâtiment et des tous les trésors qu'il contient.

Mais c'était dans des sites en français, tu as peut être cette info sur des sites italiens?

L’interprétation du tableau donne lieu à plein de controverses et même pour cet achat refusé

[ear_78]

Effectivement, selon que tu consultes un site en français, en anglais ou en italien, ce n'est pas clair...

Soit les Rothschild auraient proposé 4.000.000 lires en 1899 uniquement pour ce tableau alors que l'ensemble de la collection Borghèse était estimée à 3.600.000 lires, soit ils auraient proposé cette somme pour toutes les œuvres.

L'état italien a acquis la villa Borghèse en 1902 pour... 3.600.000 lires !

[Jas]

Y a même .... les petits lapins de Stef*