il Campiello

[Blandine]

Bon, bon, ear 78 a dévoilé le lieu, cela va être facile

Et, en plus avec ce visage, ce sera vraiment, vraiment facile ...

[Blandine]

Et oui, Véro, en effet c'est plus facile, avec le lieu ...

Et bravo à toi d'avoir trouvé !!!

Ce soir l'autre visage et la réponse. Ensuite, j'espère avoir suffisamment de temps pour une visite commentée de la Galerie. qui sera un peu parcellaire, car, comme je vous l'ai dit, le temps limité à 2 heures, sans qu'on le sache à l'avance, m'a fait manquer un certain nombre d'oeuvres. Mais, je compte sur Dany, qui l'a vu également, pour compléter

Il y a entre autre un Canaletto que je n'ai pas vu

[Blandine]

Et voici le second visage ...



Deux Venus qui restent mystérieuses ...

[Blandine]

L’amour sacré et l’amour profane

Galleria Borghese. Rome.

Titien a peint ce tableau en 1514 alors qu'il avait vingt-cinq ans pour célébrer le mariage de Nicolò Aurelio et Laura Bagarotto (Les héros de Cinquecento!!!)) Les armoiries du commanditaire apparaissent sur le bas-relief classique qui décore le bassin sur lequel sont assisses les Vénus jumelles. L’allégorie complexe de cette toile reflète les goûts sophistiqués du commettant, un homme cultivé, et constitue un aboutissement dans l’histoire artistique de Titien. L’inspiration classique du bas-relief allégorique placé sur le devant su sarcophage confirme le choix artificieux de l’iconographie.

La partie droite du sarcophage représente Adonis, le dieu symbolisant la mort dans la mythologie grecque. Il est frappé par Mars. On aperçoit juste derrière Adonis et Mars, Vénus qui se précipite au secours de son amant. Le sarcophage est la tombe d'Adonis. Devant le sarcophage se trouve un rosier. Il est présent car en voulant venir en aide à son amant, Vénus s'est blessée à la jambe en accrochant le rosier. Le sang de Vénus a été placé dans la tombe d'Adonis, à l’intérieur d’un coquillage. A chaque printemps, lorsque Vénus se rend sur la tombe de son amant, Amour ressort le coquillage qui contient le sang de la déesse et les roses changent de couleur. De blanches, elles deviennent rouges.

Le titre du tableau "L'amour Sacré et l'Amour profane" est le résultat d'une interprétation de 18e siècle qui sera entérinée par Erwin Panofsky en 1930 avant que d'autres historiens d'arts rétablissent une interprétation moins moralisante, plus complexe et surtout beaucoup plus convaincante et émouvante de l'œuvre.

Jusqu'en 1910, les spécialistes de Titien considèrent souvent que la figure nue représente l'Amour céleste et celle qui est habillée l'Amour terrestre. Mais Claude Philipps, Cammillo Borromeo et Adolfo Venturi affirment le contraire. Moritz Thausing s'exclame : "impossible de déterminer celle qui doit incarner l'amour céleste"

Selon une autre interprétation, qui fut proposée par un chercheur français et qui fut étayée et reprise par d'autres, la belle jeune femme habillée est Polia, personnage féminin d'un célèbre roman vénitien fort lu à l'époque du Titien, l'Hypnerotomachia Polyphili. Il raconte l'histoire d'une prude jeune fille, frigide jusqu'à être cruelle, mais qui abandonne peu à peu le service de la chaste Diane pour le culte de Vénus. Le motif du sarcophage laisse penser que le véritable thème du tableau n'est pas l'antithèse de l'amour céleste et de l'amour profane mais le rite de la tintura delle rose, du rougissement des fleurs dédiées à Vénus. Le cheval non sellé qu'on voit sur le bas-relief peut être compris comme le symbole de la frigidité et de la virginité car on le retrouve dans les gravures sur bois de l'Hypnerotomachia.

L'image d'une conversion due à la déesse de l'amour, conversion à l'amour réciproque, serait donc l’interprétation du tableau de Titien.



La suite, j'espère demain, avec Canova

[Blandine]

Pauline est nue.

Pauline est nue et toute l’Europe en parle.

Elle est la plus belle, celle que Paris a choisie, la Venus Victris. Elle est belle, elle le sait et Canova lui-même dira : « Lors de nos séances de pose, elle ne résista pas à jouer de son charme sans paraître se soucier de mes cinquante ans. Même chez les meilleurs modèles professionnels, je crois que je n'ai jamais ressenti une telle sensualité, une telle jouissance de se sentir nue. Cette femme est folle de son corps, amoureuse d'elle-même et a pris un vrai plaisir à poser. Provocante, elle me raconta un jour qu'une amie romaine lui avait demandé comment elle pouvait s'exhiber ainsi devant moi. Ma chère, l'atelier est chauffé ! a répondu la coquine. »



La jeune épouse de Camille Borghèse pose dans la gloire de ses 23 ans. C’est le prince qui a commandé cette somptueuse statue à Canova en 1804, quelques mois après son mariage. Canova avait déjà représenté Psyché ranimée par le baiser de l’Amour qui avait été acquise par le beau-frère de Pauline, le maréchal Murat.

L’artiste voulait représenter son modèle en Diane mais Pauline avait refusé et c’est finalement en Vénus, que l’artiste la représente, cédant à ses caprices. Pas la Venus Pudica de Boticelli, mais la victorieuse, tenant la pomme d’or offerte par Pâris pour désigner la plus belle. Un dessin préparatoire de Canova montre Pauline dans la même pose élégante avec cependant un drapé supplémentaire, tombant de son épaule droite. Dans la version finale, le sculpteur a supprimé cette étoffe et préféré opposer le buste complètement dénudé au bas du corps recouvert d’un drapé fluide.



La statue est en marbre. Elle est cirée pour augmenter la réflexion, la statue ayant été conçue à l'origine pour être vue à la chandelle, par les seuls familiers du couple. La base est en bois laqué, drapé comme un catafalque. Elle comporte un mécanisme qui, autrefois, faisait tourner la sculpture, comme cela fut le cas d'autres œuvres de Canova. La froideur apparente du marbre, bien éloignée du tempérament brulant de son model, est équilibrée par un rendu très sensuel des chairs dénudées, les plis fins des tissus, le moelleux de la couche et l’élégance de la pose.



Canova a pu se familiariser avec des figures antiques à demi couchées comme l’Ariane endormie du Vatican, des statues de fleuves et des défunts sur les couvercles de sarcophages romains. Il connaît également une des répliques antiques de l’Hermaphrodite endormi qui se trouve alors dans la collection de Camille Borghèse, en partie rachetée par Napoléon en 1807. Canova puise également son inspiration à d’autres sources, comme la peinture vénitienne du XVIe siècle où de nombreuses Vénus adoptent des poses similaires comme la Vénus d’Urbino de Titien. La Pauline en Vénus de Canova s’inscrit dans une série de recherches menées par divers artistes au début du XIXe siècle sur la figure féminine à demi allongée, comme David avec Madame Récamier ou Ingres avec La Grande Odalisque.

Bien sur, la statue n'est pas vénitienne, mais Canova est bien l'un des plus illustres sculpteurs vénitiens, et il m'était impossible de passer sous silence ce joyau représentant Pauline.

Les témoignages abondent sur la brûlante princesse telle que celui de La duchesse d’Abrantès qui dit d'elle: C'était une vraie calamité, après qu'on avait épuisé le plaisir de la regarder pendant un quart d'heure.

Plus gentille, Madame de Boigne: la princesse Borghèse me parut la plus ravissante beauté que j'eusse jamais envisagée. A toutes ses perfections elle joignait l'aspect aussi candide, l'air aussi virginal qu'on puisse le désirer à la jeune fille la plus pure. Si on en croit la chronique, personne n'en eut jamais moins le droit.

Cette statue qui tournait sous la caresse des bougies, est aujourd'hui immobile ... Alors, voici une vidéo qui permet de tourner autours d'elle!

https://www.youtube.com/watch?v=XLqdZENuZ4s

Dans quelques jours, nous poursuivrons la visite

[Blandine]

Je reprends la visite, avec un peu de retard ...

Dans la salle de Titien, Venus aveuglant Cupidon 1565

[Blandine]

Jacopo Bassano 1515-1592

Jacopo Bassano, est né et mort à Bassano del Grappa, dont il tire son nom. Son père Francesco Bassano l'Ancien se définissait comme un « artiste paysan » et Jacopo adopta des éléments de son style, qu'il mit à profit pour réaliser des peintures religieuses innovantes incluant des animaux, des fermes et des paysages entourant son village qu’il aura à cœur de peindre avec vraisemblance.

Après avoir débuté à Venise comme élève de Bonifacio de' Pitati, il établit son atelier à Bassano, près du pont, ce qui fera qu’on l’appellera également Jacopo dal Ponte.
Sa renommée est grandissante, les commandes affluent et les vénitiens apprécient sa peinture qui se démarque de celle des trois Grands, Titien, Tintoret et Véronèse. En effet, même s’il s’inspire du colorisme de Titien, du maniérisme dont la vogue grandit et des estampes de Durer, il conserve une originalité due à son attachement à la Terra Ferma. Il mêle ainsi l’opposition des tons froids et chauds, la Maniera ondulante et son mouvement avec un gout inédit jusqu’alors à Venise pour un réalisme rustique délibéré qui préfigure déjà le Caravage. Il est le peintre des pastorales monumentales.

Ces rapports avec les peintres « vedettes » de Venise restent assez distanciés et il n’hésite pas à peindre Titien, couvert d’honneurs et de prébendes, en agent de change dans sa Purification du Temple. Pourtant, Véronèse le fera figurer dans le groupe des musiciens des Noces de Cana, ce qui indique la place majeur qu’il occupe alors.



Cette Ultima cena, peint entre 1546 et 1548 illustre bien la Manière de Bassano : jeu précieux de lumière, drapés tumultueux, anatomie noueuse des corps, les pieds nus des pécheurs. Mais aussi le repas rustique et la présence des animaux.



Adoration des bergers. 1553-1554.

Un mystère autour de cette toile qui j'espère sera levé par Dany. Sur le site de la Galleria Borghese, ce n'est pas celui ci qui est présenté. Pourtant, il est bel est bien de Bassano. Une autre Adoration m'aurait-elle échappé ?

http://www.galleriaborghese.it/corsini/it/bassano.htm





1560. Bassano est reconnu (particulièrement par Tintoret) comme le plus grand peintre animalier de Venise. C'est lui qui invente ce genre nouveau avec les deux chiens de 1548 que l'on peut voir au Louvre et que l'on considère comme le premier tableau animalier de la peinture occidentale.

[Blandine]

Ah, cela me turlupinait gravement cette histoire d'Adoration de bergers.

Donc, en relisant plus sérieusement le site de la Galleria Borghese, je m'aperçois que le musée gère 6 musées et que les œuvres proposées en images proviennent des six lieux différents et que tout est mêlé. Pas très rigoureuse, cette présentation.

Donc Bassano a peint celui que je vous ai présenté, puis celle ci http://www.galleriaborghese.it/corsini/it/bassano.htm qui se trouve à la Galleria Corsini (donc normal que je ne l'ai pas vue) et enfin (donnée par Dany qui malheureusement n'a pas de photos de la G Borghese), http://www.atlantedellarteitaliana.it/artwork-13097.html, de 1563-1564 qui se trouve à Houston.

Pas simple tout cela

En tout cas, cela donne une furieuse envie de connaitre Bassano del Grappa !!! Quelqu'un a-t-il visité ???

[Blandine]

Giovanni Girolamo Savoldo. Brescia 1480 – Venise après 1548.

Continuons dans la veine naturaliste des peintres de Venise. Il aurait d’ailleurs fallu que je présente Savoldo avant Bassano si j’avais été plus rigoureuse, car il lui est antérieur.

Né sur la Terra Ferma, il garde dans sa peinture une même inspiration que celle de Bassano empreinte de vérisme. Il est également influencé par Giorgione dont on retrouve dans ses œuvres la suggestion contemplative et une poésie intime et délicate. Précurseur du clair obscur, on parle de lui comme d’un point de départ des recherches de Caravage.

Savoldo s'établit à Venise un peu avant 1520. Cette année-là, il signe le Saint Antoine Abbé et Paul l'Ermite, aux Galeries de l'Accademie.

Si dans ses retables, il adhère à la tradition, en s'ouvrant à quelques nouveautés du Titien, sa production de peintures de moyennes dimensions est plus originale. Elle est destinée à des clients privés qui, souvent, l'utilisent pour orner leur cabinet de travail. On peut retrouver un de ses tableaux d’autel, une Nativité, à San Giobbe.
En 1548, il est mentionné dans un acte de vente notarié à Venise en tant que témoin. La même année, dans une lettre de l'Arétin au peintre brescian Giovan Maria Fadino, nous apprenons que l'artiste est toujours en vie, mais est un « vieillard ».



Tobie et l'ange. 1527



Portrait de jeune homme. 1530

[babeth]

merci pour ce joli travail : le lien vers l'Adoration des Bergers à Houston ne s'ouvrait pas, voici la page complète :

http://www.atlantedellarteitaliana.it/author-631.html

[Blandine]

Merci.

Nous allons donc terminer avec des peintres que nous avons déjà rencontrés et sur lesquels je ne m'attarderai donc pas.

Antonello Da Mesina, celui qui, selon Vassari, recueillit le secret de la peinture à l'huile.



J'aurais aimé en savoir plus sur ce portrait d'homme de 1475. Je trouve à ce monsieur un air légèrement moqueur plein d'expressivité.

Giovanni Bellini



Une des nombreuses Vierge à l'Enfant du maître qui en a peintes plus de 80. La tendresse et la transparence des couleurs sont d'une douceur tellement sensible !

Lorenzzo lotto



Conversation Sacrée: Madonna et l’enfant, Saint Ignace d’Antioche et Saint Onofrio.

Noté sur le tableau : LAURENT .LOTUS MCVIII.

Dans la Collection Borghèse depuis 1693.

Cette conversation sacrée, pensive et mélancolique, évoque le Passion rendu tangible par la présence du cœur transpercé. Mais quelle différence pourtant avec Bellini et son Enfant sage que l’on voit ci-dessus. Je trouve ce tableau tout à fait surprenant. Il est rare, il me semble, de représenter l’Enfant d’une manière aussi réaliste, s’échappant presque des genoux de sa mère et pesant sur son bras de cette façon. D’ailleurs, on lui a trouvé de l’irrévérence à l’époque.



Palma Il Vechio



Conversation Sacrée avec Sainte Barnaba, sainte Christine et deux dévots. 1510-1520. Très beau chromatisme opposant des tons chauds et froids.

Voila, la visite est terminée et j'espère qu'elle vous aura été agréable

[Zen]

Très agréable !
Merci Blandine

[DANY]

MERCI BLANDINE!

[babeth]

Mais qui est cet homme aux yeux farceurs ? un joaillier réputé ami et collectionneur de nombreux artistes de son temps :

http://www.academia.edu/1423341/Lauber_R._2005_Opera_perfettissima_Marcantonio_Michiel_e_La_notizia_dopere_di_disegno


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[url=http://en.imagesia.com/michele-vianello2_w2cc]


http://www.teknemedia.net/magazine_detail.html?mId=9748

[Stef*]

Très agréable!