Blandine

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Posté le : Ven 10 Fév 2017, 17:32:30 Sujet du message: D'Anvers à Venise. Jean-Michel Bénier |
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Autant les trois saisons à Venise m'avaient consternée, autant ce récit de voyage, poétique et sensible m'a touchée.
C est une marche sur une route vieille de plusieurs siècles empruntée par les artistes, artisans, peintres, sculpteurs, écrivains, voyageurs.
Ils voulaient apprendre, faire connaissance afin de témoigner. Rendre compte de cet « usage du monde » qui est le fondement de toutes disciplines.
Pieter Breugel l Ancien et Jean Michel Bénier, quatre siècles les séparent. Et cependant ils marchent ensemble, conversent.
De la Mer du Nord à l' Adriatique, ils vont sur les chemins, d' auberges en auberges, visitant les églises et les musées.
A pied, parcourant les sentiers, ils franchissent les cols, traversent les Alpes.
Ils nous parlent du monde d' aujourd’hui, de l' homme et de ses enfances.
Sur les routes d Europe, ils cherchent des raisons d' espérer, de croire que la beauté peut encore sauver le monde.
"Je n'ai jamais eu besoin de m’alléger du poids du passé. Bien au contraire, l'histoire me fortifie ... Je suis reconnaissant au passé de l'humanité d'offrir à ma curiosité de magnifiques instants "
Comment ne pas être séduite !
L'auteur rencontre Pieter Bruegel dans un café de Bruxelles, près de la cathédrale. Il est là avec sa houppelande, son béret de feutre et son air goguenard. Ce voyage, il l'a déjà fait en 1552 - 1553.
Ensemble, ils vont de villes en villes, de paysages en paysages, d'églises en musées, Anvers, Besançon, les gorges de la Loue (mais oui!), Bourg en Bresse, les Alpes, Aoste, Milan, Mantoue, Assise, Vérone, Vicence, Padou, Venise.
Ils devisent, de l'Art, de la Beauté, du monde et des hommes. Parfois avec amertume (les hommes), toujours avec émotion (la Beauté) et avec gourmandise (les auberges).
Dans cette Europe qui peine à se faire, il nous parle de l'Europe du Patrimoine, ce bien commun qui nous unit.
"C'est du passé que vient le renaissance. On n'apprend rien de l'avenir"
Et, omniprésente, l'émotion artistique.
Dans la Basilique inférieur d'Assise: " Jamais je n'ai éprouvé une telle sensation d'envahissement. Comme si je ne m'appartenais plus"
Et quand il bougonne, c'est Pieter qui se moque de lui: Eh, Gamin, arrête de faire le donneur de leçon !
Mais il faut bien qu'il y ait un bémol. Ce petit éditeur n'ayant sans doute pas les moyens d'une relecture, il y a des coquilles et des coupures de mots aléatoires en fin de lignes qui brisent un peu l'élan de la lecture.
Mais quel beau voyage !
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