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Exposition Sérénissime ! Venise en fête de Tiepolo à Guardi.
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Blandine



Inscrit le : 24 Fév 2008
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Message Posté le : Lun 12 Juin 2017, 19:04:06    Sujet du message: Répondre en citant

Hier, le site était en maintenance Crying or Very sad

Mais je poursuis donc aujourd'hui avec trois scènes de Longhi largement documentées dans le catalogue.

Après Clara, en 1751, que tout le monde connait bien, Pietro Longhi, au carnaval de 1762, allait cette fois porter son attention sur un lion enchaîné à un casotto, estrade de bois pour le moins précaire vu le caractère indocile de l'animal. Le félin attaché à Saint Marc, emblème de la ville, ne manqua pas de réunir moult curieux, dont un aristocrate à visage découvert (que l'on ne voit pas bien sur ma photo. A cause de la brillance du reflet, j'ai du cadrer plus bas que son visage qu'on aperçoit en haut à gauche).

La distraction, à vrai dire, ravit à plus d'un titre car derrière le grand félin (auquel l'artiste prête une face humanisée) jouait un violoniste dont la mélodie faisaient se dresser sur leurs pattes une troupe de chiens vétus de petites robes et de livrées. Plus intrépide, un autre chien se tenait sur l'échine du lion, d'un calme absolument majestueux. L'ensemble était si cocasse qu'il ne pouvait manquer de susciter un tableau dipinto del naturale comme l'affirmait l'artiste.



Fondation Querini Stampalia.

D'autres attractions, en revanche, se révélaient pour le moins troublantes, voire risquées car elles faisaient appel à des pratiques de santé assez douteuses. Pietro Longhi de nouveau, mais aussi Giandomenico Tiepolo ont brossé les traits du charlatan, escroc bravache qui abaisse l'exercisse de la médecine à un voyeurisme sans morale. Ce bonimenteur est d'ailleurs désigné en italien par le terme montambanco, soit celui juché sur une estrade pour vanter bruyamment les prétendus bienfaits de ses remèdes. Avec sa subtilité psychologique, Longhi a su opposer les crédules se pressant aux pieds du charlatan, le regard plein d'admiration pour sa fiole miraculeuse, et un couple de carnavaliers trop absorbé par son badinage sentimental pour prêter la moindre attention à cette démonstration dont la nature dérisoire est soulignée par la discrète marionnette d'arlequin au dessus de l'estrade.



Toulouse, Fondation Bemberg.

Suite tout à l'heure pour le troisième.


Dernière édition : Blandine le Lun 12 Juin 2017, 21:44:10; Edité 1 fois
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dominique M.



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Message Posté le : Lun 12 Juin 2017, 21:23:23    Sujet du message: Répondre en citant

Blandine a écrit:





.... fond d'écran de mon téléphone mobile ..... Wink Wink
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Blandine



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Message Posté le : Lun 12 Juin 2017, 22:12:16    Sujet du message: Répondre en citant

Very Happy

A l'écart de ces démonstrations tapageuses (voir également l'arracheur de dents de Milan du même Longhi et dans la même veine que le bonimenteur ) étaient également associés les jeux d'argent, condamnés par la morale chrétienne et donc longtemps tenus à la clandestinité. Les autorités publiques de Venise, plutôt que d'enrayer radicalement le phénomène, voulurent le canaliser en établissant le Ridotto à l'étage noble du Palais Dandolo à San Moise. Ainsi fut créé le premier casino de l'histoire moderne de l'Europe, accessible pendant le carnaval à la condition d'être masqué. En revanche agissaient à visage découvert les barnabotti, ces nobles désargentes pour la plus part entretenus par l'Etat et qui faisaient office de croupiers.

La dizaine de salles que comptait le Ridotto proposaient divers jeux parmi les plus en vogue de l'Europe des Lumières dans lesquels le sort se mêlait à la stratégie. L'atmosphère devait balancer entre les conversations feutrées et les effusions outrées, comme en témoignent les cartes jonchant le sol du Ridotto aux pieds des joueurs dans les tableaux de Longhi ou ceux de Guardi qui s'en inspirent manifestement.

Ces deux maîtres ont su rendre également les discussions à mots couverts derrière les masques, ainsi ce couple de Longhi qui rappelle celui de son charlatan, ou encore l'apparat un peu décrépi du Palazzo Dandolo.



Des travaux de restauration confiés à l'architecte Maccaruzzi et au peintre Guarana en 1768 ne suffirent pas à redorer l'image des lieux. Un décret interdisant les jeux de hasard, pris par le Conseil des Dix le 27 novembre 1774, selon le voeu du rigoureux procurateur Giorgio Pisani, sonna le glas du Ridotto.



Fondation Querini Stampalia.
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Blandine



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Message Posté le : Mar 13 Juin 2017, 20:32:20    Sujet du message: Répondre en citant

Le sourire amer de Polichinelle.

Au milieu des fétards mus par la futilité et l'insouciance se détache à maintes reprises la silhouette disgracieuse de Polichinelle, surgie tout droit de la comedia dell'arte. Bossu, ventru, arborant un masque à grand nez semblable à un phallus obscène, tout de blanc vétu avec une large collerette et un chapeau conique, c'est le type même du bouffon au verbe haut, dont l'esprit et l'apparence se moquent de toutes conventions sociales, qui renvoie au monde son image crue mais véritable.



Le chef d'oeuvre de jeunesse de Giandomenico Tiepolo, le triomphe de Polichinelle, métamorphose la mascarade en une procession ridicule où acteurs et spectateurs se confondent, exhibant l'image d'un carnaval pathétique à force de cérémonial et de vulgaire.

1753-1754 Copenhague.

Et l’émission de la Rai vient de commencer !
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Blandine



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Message Posté le : Mer 14 Juin 2017, 20:08:01    Sujet du message: Répondre en citant

Pour la fin de ce parcours, il reste deux morceaux de choix et d'abord, l'oeuvre fameuse de Giandomenico Tiepolo, il Mondo Novo.

Au XVIIIe siècle le Mondo Novo désigne le Cosmorama. Il s'agit d'un panorama peint figurant des ponts de vue pittoresques, qu'éclaire une lumière artificielle. Chez Giandomenico Tiepolo, un forain se dresse sur un escabeau au-dessus d'un groupe de curieux, tenant une baguette pour présenter les scènes du cosmorama ou bien les éclairant au moyen d'une lanterne.

Ces vues de terres lointaines évoquant un exotisme fugace mais sensationnel comptaient parmi les divertissement incontournables du carnaval, rajoutant à l'ambiance bariolée des festivités. Giandomenico Tiepolo met en scène le magnétisme de la foule attirée par cette distraction.

Sur trois décennies de carrière, il consacra au sujet pas moins de trois compositions.

La première est exécutée à fresque en 1757 dans la salle dite des scènes du carnaval de la forestiera de la Villa Valmarana ai Nani.



(photo de 2015)

La toile de l'exposition, aujourd'hui propriété des Arts Décoratifs, aurait été peinte vers 1765, en même temps qu'une réplique léguée en 2002 au Prado. La datation des deux œuvres de Paris et de Madrid fut établie par comparaison stylistique avec une série de tableaux conservée dans une collection particulière et datée de cette même année.



L'ultime interprétation du Mondo Novo par Giandomenico Tiepolo intervient en 1791, encore une fresque, cette fois ci pour le portego de sa villa à Zianigo. On y distingue deux hommes de profil sur la droite, l'un le lorgnon devant les yeux et l'autre plus âgé, aux bras croisés, tenus respectivement pour représenter l'artiste et son père.



Ca' Rezzonico. (je dois en avoir une photo, mais je ne sais plus où alors, vous avez droit à une prise sur le Net ...)

Les versions du Mondo Novo diffèrent sensiblement par l'apparence et la disposition de leurs personnages, mais concordent peu ou prou dans leur organisation spatiale.

La fascinante composition du Mondo Novo a donné lieu à toute une série d'interprétations, insistant sur le mélange des classes sociales typique du renversement de l'ordre établi lors du carnaval, ainsi que sur la vision allégorique du nouveau monde émergeant à l'aune des bouleversements de la fin des Lumières.

Tout cela est fort juste, mais il faut également rappeler le traitement magistral du sujet, ce cosmorama qui se dérobe au profit de la masse des protagonistes pour la plupart vus de dos.

Cette attitude déjà employée par Watteau dans ces fêtes galantes entraîne une mise en abîme mûrement réfléchie: le spectateur du tableau regarde une foule occupée à la contemplation. Giandomenico a-t-il voulu, sur un ton ironique exhiber la fascination futile et quelque peu grotesque des badauds attroupés, telle l'humanité naïve plongée dans un semblant de réalité? le polichinelle, dans la fresque de Zianigo abonde dans ce sens.
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Blandine



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Message Posté le : Jeu 15 Juin 2017, 22:51:09    Sujet du message: Répondre en citant

Et voila, nous allons donc achever ce parcours avec le morceau de choix, le morceau du roi, bien sur Cléopâtre.

Je rappelle que les textes proviennent du catalogue de Vecellio et que je le recopie. Un peu fastidieux, je vous l'accorde mais cela vous permet d'en profiter également. Ce superbe catalogue fourmille de renseignements.

(De quoi poser plein de questions pour le rallye ... !!!)

En 41 avant notre ère, le général romain Marc-Antoine convoqua la reine d'Egypte Cléopâtre VII à Tarse pour lui demander des comptes au sujet de la flotte attendue, mais détruite par une tempête, l'année précédente, à la bataille de Philippes.

L'interprétation morale d'une Cléopâtre corrompant Marc- Antoine et le menant à sa perte, qui perdurait encore au Moyen-Age, laissa place à l'époque moderne, à une vision plus galante et décorative du thème.

Au cours des années 1740, Tiepolo figura la rencontre mythique du couple antique à trois reprises, dans des fresque et tableaux de chevalet monumentaux parmi les plus réussis de sa carrière, précédés d'esquisses dessinées et peintes. Il associa le banquet au débarquement de Cléopâtre à Tarse dans deux gigantesques toiles peintes vers 1745 - 1747 et aujourd'hui au chateau d'Arkhangelskoye, près de Moscou, une association qu'il reprendra pour ses célèbres fresque du Palazzo Labia vers 1746- 1749, "peut être la plus admirable chose qu'ait laissée ce grand artiste" au dire de Maupassant.

Dans un premier temps, Tiepolo avait traité le seul sujet du Banquet de Cléopâtre dans un tableau isolé, actuellement visible à Melbourne.

A l'origine, la toile était destinée à Joseph Smith, mais en 1744, Fransceco Algarotti l'acheta directement à Tiepolo pour Auguste III de Saxe. Elle sera vendu par Moscou en 1932 à Melbourne.

Lésé, Joseph Smith avait pu toutefois acquérir le bozzeto de Tiepolo, première composition de l'artiste pour son tableau définitif: c'est notre tableau.



Demain, la suite des ses aventures rigole
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Jas
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Message Posté le : Sam 17 Juin 2017, 08:54:42    Sujet du message: Répondre en citant

chinois hommages Merci Blandine
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Blandine



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Message Posté le : Sam 17 Juin 2017, 18:19:04    Sujet du message: Répondre en citant

Jas a écrit:
chinois hommages Merci Blandine


Wink Wink Wink

Tout spécialement pour toi.

Je sais qu'elle avait ta préférence, cette petite mignonne !



La vénitienne en zendale. Jean Barbault (1718 - 1762) Galerie Eric Coatalem.

rigole

En fait, je n'ai pas eu le temps de poursuivre l'histoire du tableau de Cléo. Lundi, sans doute, enfin peut être ... j'ai une réunion professionnelle à Nantes. On verra !
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dominique M.



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Message Posté le : Dim 18 Juin 2017, 09:24:55    Sujet du message: Répondre en citant

Blandine a écrit:
Le sourire amer de Polichinelle.

!


Pulcinelle ..... je les adore
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Blandine



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Message Posté le : Dim 18 Juin 2017, 18:07:27    Sujet du message: Répondre en citant

dominique M. a écrit:
Blandine a écrit:
Le sourire amer de Polichinelle.

!


Pulcinelle ..... je les adore


Un des grands sujets de Giandomenico. Il a fait également énormément de dessins caricaturaux sur ce thème !
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Blandine



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Message Posté le : Lun 19 Juin 2017, 18:15:31    Sujet du message: Répondre en citant

Donc, revenons à notre Cléopâtre et son fameux banquet.

Pensons que ce tableau que nous avons vu au Cognacq-Jay est passé par les mains de Joseph Smith, c'est quelque chose, tout de même !

Cette esquisse présente de notables différences avec le tableau final que l'on peut voir à Melbourne aujourd'hui, mais les éléments principaux de l'action, de l'espace et des protagonistes apparaissent déjà fixés. Le repas se déroule à l'abris d'une grande loggia matérialisée par trois arcades. Ce recours à un vocabulaire classique ainsi que le pavage accusant la perspective découlent des grands repas christiques de Véronèse.

Ce cadre majestueux exalte la puissance narrative de la scène: le moment où Cléopâtre, pour impressionner son hôte, s'apprête à faire fondre dans un verre de vinaigre une perle d'une valeur inestimable.



les études scientifiques et la restauration entreprises à l'occasion de l'exposition ont permis de mieux comprendre la genèse du Banquet de Cléopâtre. Le dessin préparatoire, les chapiteaux d'abord placés plus haut, les repentirs sur la robe de la reine et les pieds du personnage debout à sa droite.
Des modifications posthumes, entoilage brutal, couches successives de vernis avaient alourdi et terni l'oeuvre et de nouveaux détails ont pu être ainsi révélés de même que la technique de Tiepolo juxtaposant les tonalités vives afin de créer la lumière dans des accords chromatiques qui en font le digne héritier d'une glorieuse lignée de coloristes vénitiens remontant à la Renaissance.

Le tableau final visible à Melbourne



Et la fresque du Palazzo Labia



Avec, bien sur, la visite du Campiello du Palazzo Labia Very Happy

http://www.campiello-venise.com/cannaregio/palazzo-labia/palazzo-labia-visite.htm

C'était un bien beau moment que ces fêtes vénitiennes au Cognacq-Jay et j'espère avoir permis à ceux qui ne pouvaient être présents d'y participer également rigole
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dominique M.



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Message Posté le : Lun 19 Juin 2017, 20:41:50    Sujet du message: Répondre en citant

Et aux autres de revivre ce bon moment....
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alain



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Localisation : Joyeuse 07260

Message Posté le : Mar 20 Juin 2017, 10:30:36    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Blandine Very Happy
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Barocco



Inscrit le : 17 Avr 2005
Messages: 12949
Localisation : Lessines-Belgique

Message Posté le : Ven 23 Juin 2017, 01:31:56    Sujet du message: Répondre en citant

hommages hommages hommages
merci Blandine pour ce partage ... Wink Wink Wink Wink
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