Chapitre 2  pg 2         «  Le carnaval des Monstres  »           Sur un scénario de Jas - textes de Marie 

La femme pensait que la nuit ne permet pas toujours de retrouver un chemin parcouru de jour. Mais provoquer sa colère, elle n’en avait envie.
Professeur de lettres à l’université, elle l’avait épousé une dizaine d’années auparavant. 
Ayant privilégié ses études, elle avait plus de 30 ans quand elle l’avait rencontré.  

Grand, assez fort sans être gros, il avait un certain charme, une décontraction qu’elle admirait en étant elle-même totalement dépourvue.
Lui avait été flatté qu’une intellectuelle accepte ses avances.
 Ils s’étaient mariés mais n’avaient pas eu d’enfant. Elle aurait pourtant tant aimé être mère !
Elle sentait qu’il compensait son complexe d’infériorité pas de gros emportements quand il était en difficulté.  

Elle ne voulait briser sa joie d’être là et le suivit sans un mot.  
Après avoir tourné à gauche, 
ils se retrouvèrent dans un endroit fort sombre.  

A leur passage une lumière jaillit. Surprise, elle se retourna. 

Sidérée, elle vit une tête de pierre flotter dans l’air, 
les yeux profondément enfoncés, les narines épatées,
les lèvres retroussées laissant voir quelques chicots 
et la bouche béante, elle bougeait et s’avançait vers eux.  

Elle hurla, son mari qui avait aussi pivoté, 
lui prit la main et ils détalèrent.

Un heureux hasard leur permit de retrouver leur hôtel, 
montèrent les marches deux à deux 
et s’écroulèrent sur leur lit.
 
L’homme haletait.  

Ils eurent beaucoup de mal à trouver le sommeil 
et dormirent mal et peu.  

 

 

Le lendemain matin, pâles et défaits, ils burent leur thé mais dédaignèrent la viennoiserie qui resta sur la table.

-      Tu as vu la même chose que moi ? chuchota-t-elle

-      La statue bougeait, répondit-il sans se douter que la serveuse l’avait entendu.

-      Il faudrait que nous tentions de retrouver le lieu

-      Je ne sais pas si j’y arriverais !

La serveuse s’approcha :  

-      Je peux vous aider ?

-       Non, merci

Ils ne virent pas le sourire de la jeune fille.
Quand, main dans la main, les yeux battus, ils sortirent de l’hôtel, elle s’empressa de téléphoner à son petit copain, pigiste.
Il broda autour de l’effet du spritz, sur des touristes américains, se moquant de ces représentants de la nation la plus orgueilleuse du monde 
qui ne savaient pas vivre.

Il réussit à vendre son article à plusieurs journaux, les plus sérieux ne publièrent pas ce qui concernait la nation la plus orgueilleuse.

Suite ...