- Avez-vous l’objet ?

 Brutale, la question.

Légèrement en retrait, je devinai sans peine Nicodème hésitant.
D’un imperceptible hochement de tête, il apaisa notre interlocuteur.

- Dans ce cas, suivez-nous. Une table nous attend à l’Aromi. Le restaurant est au rez-de-chaussée.

Discrètement enlacés, ils nous précédèrent le long des nombreuses et larges galeries du silo centenaire où la vapeur du marbre avait remplacé la poussière du grain.

Nous sortîmes sur le petit môle coincé sous la grande horloge de l’ancienne minoterie. Les hautes eaux du canal de la Giudecca écrasaient avec raffut le pavement restauré.

Le maître d’hôtel nous ouvrit la porte et nous débarrassa de nos effets. Il nous indiqua la table ronde, à gauche, face au Zatterre.

Visiblement familier des lieux, notre hôte posa la main sur l’avant-bras du maître d’hôtel et lui passa commande.

- Risotto con astice, agnello alla griglia, Ouriet Grand Cru, Palazzo delle Torre e una bottiglia di san Pellegrino. Grazie Alex !

Nicodème attendit le départ du sommelier, nos verres emplis, pour ouvrir la sacoche et déposer entre les assiettes une housse de soie noire.

Il dénoua soigneusement le lacet et dévoila ... un crâne en cristal.