L’an 1618
« Le différent de Paul V et de la république de Venise ayant été terminé
par la France, en conservant au Saint-Siège l’honneur qui lui est dû, et
aux Vénitiens la gloire qu’ils méritoient, il n’y avoit que les Espagnols
qui eussent sujet de s’en plaindre »
Ainsi débute Saint Réal sa Conjuration des espagnols contre la République
de Venise. |
Le duc d’Ossone, vice-roi de
Naples, ennemi de la République de Venise et l’ambassadeur d’Espagne dans
la Sérénissime, le comte de Bedmar
tissent un réseau d’espionnage à l’intérieur même de Venise.
Leur but : faciliter l’arrivée de la flotte espagnole sur Venise pour
s’emparer des points stratégiques de la ville
-la Piazza, l’arsenal, le Rialto- après avoir bouté le feu aux endroits
importants à secourir.
Un des conjurés, un provençal au nom de Jaffier, se décide, après moult
hésitations, à prévenir le Sénat en l’échange de la vie sauve de
vingt-deux de ses compagnons établis sur une liste.
Venise ne tiendra pas sa parole.
Tous les conjurés seront pendus, étranglés, noyés laissant le pauvre
Jaffier libre mais bourré de remords. |
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Saint Réal dépeint admirablement
bien l’état d’esprit de Jaffier avant que d’éventer le complot :
« Venise noyé dans le sang de ses habitants (...)
Cette funeste image l’obsède nuit et jour, le sollicite, le presse,
l’ébranle (...)
elle l’occupe au milieu des repas, elle trouble son repos, elle
s’introduit jusque dans ses songes.
Mais trahir ses amis ! et quels amis ! Intrépides, intelligents, uniques
en mérite dans le talent où chacun d’eux excelle... » |