Sur les hauts murs, pour tuer quarante angoissantes journées, ils ont gravé dans la couleur du sang leurs récits de voyage, leurs invocations, leurs malédictions, leurs comptes.

Messages désespérés, sentences mystérieuses protégés par la gueule du loup.

Tous ces marins venus de Constantinople, de Nauplie, d’Alexandrie.

Tous ces commerçants venus de Grêce, d’Espagne, de Dalmatie, les nefs bouffies de marchandises.

Tous ces soldats, ces porteurs, ces gardiens de la santé.

Ils avaient pour nom Antonio Trivisani, Pasquale Cicogna, Zuane Nasino...

Antonio dit Roi et Zeno Planta sauvés par Dieu, Messère Pietro Grinta et ses huit compagnons, morts de la terrible maladie.

Sorti du grand baraquement, un peu plus loin
sous la stèle de Stefano Zancouich Alfier mort le 14 mars 1756
dans sa cinquantième année...