"Le jardinage nous occupe et
nous ravit du premier au dernier jour de la vie.
Même un homme blasé s’efforcera de reculer l’ultime échéance par désir de
voir la floraison prochaine."
Frederic Eden, Un jardin à Venise.
- Belle leçon de vie. N'est-il pas, Campielliste!?!
Malade, le riche et aristocrate anglais Fréderic Eden et son épouse
Caroline échouent à la Giudecca où ils se rendent acquéreurs d’une villa
flanquée d’un des jardins privés les plus vastes de Venise.
Fleurs, plantes, potager, arbres, fruits, chiens, chats vont occuper sa
convalescence.
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Imagine Campielliste...Les
premières années du XXème siècle.
Tu te promènes le long du rio della Croce qui mène à l’hôpital Anglais où,
il y a une semaine à peine, le baron Corvo a eu l’impertinence de ne pas
mourir malgré l’extrême-onction administrée!
Le regard perdu vers la lagune, aurais-tu été alors surpris par le
beuglement capricieux et rocailleux de quinze grasses vaches aux pis
boursoufflés ?
Impensable aujourd’hui ! |
Le jardin Eden fera également
le bonheur de nombreux poètes et écrivains qui y eurent l’accès furtif ou
non, pour une promenade ou pour le thé.
Qu’il me suffise d’évoquer les mânes de Henri de Régnier, Grabriele d’Annunzio,
Barrès, Maeterlinck, Proust, Henri James, Rilke, Anna de Noailles,
Cocteau, Mauriac, François Le Grix, Jean-Louis Vaudoyer, pour que toi
aussi, malgré les hauts murs de briques rouges, tu puisses profiter un
rien de ce paradis aujourd’hui inaccessible.
Frederic décède en 1916, Caroline lui survit jusqu’en 1928. A la mort de
celle-ci, la proriété est vendue à Sir James Horlick et ensuite cédée à la
princesse Aspasie de Grèce et Alexandra, sa fille, qui y vivra jusqu’en
1974. .
Aspasie s’éteint à Venise et, dans un premier temps, est ensevelie dans
l’île de San Michele.
Petit détail émouvant: si son corps repose aujourd’hui dans le domaine
royal de Tatoi en Grèce aux côtés de son mari, le promeneur attentif
découvrira la stèle funèraire de la grande dame remisée debout dans un
coin de San Michele.
Alexandra décédera en Angleterre d’un cancer. Nous sommes en 1993.
Considérée comme folle, les jardins traînent depuis une réputation
malheureuse.
L’artiste autrichien Hundertwasser occupera les lieux de 1979 jusqu’à sa
mort en février 2000.
Depuis, sur la sonnette : Gruener Janura A.G., une société suisse
d’éditions. Le nom d’Hunderwasser se retrouve dans leur catalogue.
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Mais ce qui ne cesse de me
turlupiner, c'est la lettre d'Aspasie à sa fille qui décrit le jardin
retrouvé après la guerre, sans dessus-dessous.
A ton avis, Campielliste, que pouvaient donc bien chercher ces cinquante
artilleurs? |