" I merletti di Cenerentola "

Texte de Chantal Robillard
mise en page Jean-Antoine Scarpa

Une aurore vieux rose se mire sur Venise, en ses eaux verveine à nuances mauves,
sur ses canaux en mouvance vive.
Venise ensaumurée, envasée, mais revenue à sa vraie vie.

Au petit jour, les ruelles autour du Rialto sont déjà pleines d’une foule de gens venus faire leur marché, vite, vite, pendant que les touristes digèrent encore dans leurs hôtels les verres de bellini et les assiettées de risotto de la veille. Les poissonniers sont déjà en train de rugir leurs prix, de s’interpeller d’un étal à l’autre, les commis se balancent de grands paquets de glaçons, qu’ils pellettent allègrement dans les seaux en zinc qu’on vient de rapporter de la Grande Glacière. Certains croquent tout crus avec leur coquille et leur bave, les bovoli, escargots minuscules dont tout Vénitien est friand.

Venise se rêve rieuse, sans misère, sans cérémonie, sans narcissisme, sans couronne,
avec ses riverains, -ouvriers, menuisiers, mercières, verriers, mariniers-,
arrimés à son commerce, mariés à sa mer, ancrés à sa criée.
Mieux-vivre à Venise, si sa mer ne marne,
sous ses marronniers ou ses mimosas ?

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