il Campiello

[Blandine]

Venise à la fin du xvie siècle. Le Tintoret, peintre volcanique, anticonformiste et plein d’ambition, s’est battu par tous les moyens pour asseoir sa réputation. à l’approche de la mort, il s’interroge sur son existence en tant qu’artiste et sa vie familiale mouvementée.

Au cœur de ses pensées se trouve sa fille illégitime adorée, qui a appris la musique et la peinture à ses côtés : Marietta, l’incarnation de ses rêves et son œuvre la plus réussie.

Dans une Sérénissime au décor singulier se nouent une foule d’histoires merveilleuses habitées par des personnages inoubliables, parmi lesquels se détache la figure solitaire et émouvante de Marietta.

Melania G. Mazzucco est l’auteur de plusieurs romans, dont Un jour parfait (Flammarion,2009), qui a été adapté sur grand écran. Elle a obtenu le prix Strega en 2003 avec Vita (Flammarion, 2004).Spécialiste du Tintoret, elle a également écrit sa biographie (Jacomo Tintoretto e i suoi figli, 2009) et collaboré à l’exposition dédiée au peintre à Rome en 2012. Son oeuvre est traduite dans vingt-trois pays.




J’ai cherché sur le forum et je n’ai pas trouvé d’article sur ce livre magnifique qui vient de m’être recommandé et envoyé par une amie.
Parmi les nombreux romans que j’ai pu lire sur Venise, je crois sincèrement qu’il à mettre tout en haut du palmarès : ce livre est un chef d’œuvre et un véritable choc.

D’abord, pour ce que je peux en savoir, je n’ai pas eu un seul tressaillement sur un détail mal venu, sur une description ou un fait historique, ce qui est suffisamment rare pour être signalé.

La Venise du Cinquecento se déplie sous nos yeux, avec la vie sur les campi, les bruits, les odeurs, le son des cloches qui rythme le mouvement de ses habitants, des ouvriers de l’Arsenal, des marchés, des notables. La lumière sur la lagune, la couleur du ciel, la chaleur et le froid, la sécheresse et l’aqua alta, l’hallucinante description de la peste, l’incendie du Palais des Doges, les plats sur la table, l’odeur de l’huile, les couleurs dans les bols de l’atelier, les cris des enfants, nous les entendons et nous les voyons.

Et, au milieu de Sa ville, il surgit, Jacomo, sur le campo dei Mori, avec ses cheveux ébouriffés et sa barbe en bataille, et on le suit pas à pas. La connaissance profondément intime de l’auteur avec le peintre, avec son œuvre, son environnement et son caractère produit ce miracle que pas un instant on ne peut douter que c’est le Tintoret lui-même qui a pris la plume et qui se livre tout entier dans cette confession.

Car il s’agit bien d’une confession. Durant les quinze derniers jours de sa vie, Jacomo parle à Dieu et déroule, devant son Créateur, les fils embrouillés de sa très longue existence tumultueuse et besogneuse. Et il s’y livre entièrement, avec sa fureur, sa grandeur et ses petitesses, son extravagance, sa violence et sa tendresse. Les portraits que l’on connait de lui s’animent et il nous apparait tel qu’en lui-même, colérique et contrit, vieux sage et jeune fou, avide, pressé, toujours furieux, roide, brutal, aimant, odieux, magnifique, exigent, impitoyable, douloureux, abattu, se relevant toujours, fébrile, insatiable, insupportable, merveilleux, génial et humain, tellement humain, confronté à la vie, la mort, la douleur, la création, la recherche du divin.

Le tumulte de cet extraordinaire récit ressemble à ses toiles, emplies de bruit et de fureur. Je me demande comment Melania Mazzucco a pu sortir indemne d’un tel travail

[Jas]

Wahooooooooo Quelle description, merci Blandine
Je vais le commander de ce pas

[babeth]

Idem, ce résumé donne envie, ainsi que l'excellente critique de Tynn sur Babelio :

https://www.babelio.com/livres/Mazzucco-La-longue-attente-de-lange/521612

je commande !

[spritz]

Idem; Je me l'offre pour mon anniv'...le 5 !!!

[Blandine]

J'espère qu'il ne vous décevra pas, mais je suis certaine que non !

Par contre, attention, c'est loin d'être une lecture légère ... Ce n'est pas le genre du Tintoret !