babeth

Inscrit le : 28 Août 2009 Messages: 4990 Localisation : paris
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Posté le : Mer 06 Mai 2020, 11:00:20 Sujet du message: mais qui ne connait pas Pierre-Nolasque Bergeret ? |
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Ne serait-ce qu'à cause de son prénom curieux, ce peintre mérite de sortir de l'oubli où la défaveur du style Troubadour l'a enfoui ...ne mériterait-il pas d'être aussi connu que David ou Ingres ? mais les toiles "historicistes" sont désormais plutôt classables au rayon "Humour" ...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Nolasque_Bergeret
Il remet la Renaissance à l'honneur, et voici le lien qu'il établit avec Venise:
L'Arétin en visite à l'atelier du Tintoret : présenté au Salon de 1822
Charles Quint ramassant le pinceau du Titien :
NB : pour le style Troubadour et Venise, voir aussi la Duchesse de Berry |
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Blandine

Inscrit le : 24 Fév 2008 Messages: 5936 Localisation : Rennes
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Posté le : Mer 06 Mai 2020, 13:01:29 Sujet du message: |
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« On faisait circuler à Venise un sonnet injurieux pour le petit teinturier, qui résolut aussitôt d'imposer silence aux langues venimeuses.
Un jour qu'il aperçut l'Arétin dans les environs de la place Saint-Marc, Jacopo l'aborda poliment, et le pria de venir jeter un coup d'oeil sur ses ouvrages et lui donner une heure de séance, disant qu'il voulait faire d'un personnage si célèbre un portrait au crayon.
L'Arétin, entraîné par tant de courtoisie, et pensant que le jeune peintre n'avait pas connaissance du sonnet, se laissa conduire à San-Luca. A peine entré dans l'atelier, il vit son hôte fermer la porte avec soin, courir vers un trophée d'armes, en décrocher une dague fort pointue, et s'avancer l'arme au poing.
L'Arétin se repentit trop tard de son imprudence.
— Eh ! Seigneur Robusti, s'écria-t-il en changeant de visage, que voulez-vous faire de cette dague ?
— Tenez-vous droit et ne bougez pas, lui dit brusquement le Tintoret, sans quoi je ne réponds de rien.
L'Arétin, tremblant de tous ses membres, vit Jacopo s'approcher de lui, et le toiser des pieds à la tête avec la dague.
—Vous avez, poursuivit le peintre, deux fois et demie la longueur de cette lame. Ne fallait-il pas, pour faire de vous un portrait exact, que j'eusse la mesure de votre personne ?
Voilà qui est fini; mais n'oubliez pas que, s'il vous arrive de m'insulter dans vos sonnets, je prendrai avec cette dague la mesure de votre coeur et de vos entrailles.
A présent, asseyez-vous dans ce fauteuil, et causons ensemble sans nous fâcher, pendant que je mettrai sur ce papier le visage effaré de votre seigneurie.
Depuis ce moment, l'Arétin ne prononça jamais le nom du Tintoret, et s'abstint de blâme aussi bien que de louange. |
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