il Campiello

[Blandine]

Le dévouement de la ville à la République de Venise ne diminua pas même après la chute de cette dernière : tandis que le 12 mai 1797 le doge déposa les insignes de Saint-Marc, les habitants décidèrent de rester vénitiens et se gouvernèrent eux-mêmes jusqu'à la arrivée des troupes autrichiennes.

Les drapeaux vénitiens sont restés hissés jusqu'au 23 août, jour où ils ont été enterrés avec une cérémonie solennelle, la dernière de la Sérénissime, sous l'autel de la cathédrale.

Le capitaine de la garde, en remettant la bannière vénitienne aux prêtres, a prononcé devant les milices et tout le peuple un discours émouvant, qui est entré dans l'histoire sous le titre de Ti con nu, nu con ti.

Quelle est le nom de cette jolie petite ville à la fidélité indéfectible ?

[Blandine]

Et voici Dany et Zen qui ont trouvé l'énigme

D'autres vont s'y mettre, c'est sur, pour trouver cette ville fidèle à Venise !

[Blandine]

Et voici Martine qui a également trouvé quelle était cette ville de la Côte dalmate fidèle à Venise


Cette énigme redonne le goût de la recherche aux campiellistes


Je laisse un peu de temps à ceux qui chercheraient encore et je vous livre le déchirant discourt que le capitaine de la garde a prononcé lors du dépôt de la bannière vénitienne !

[Blandine]

Il s'agissait donc de Perasto (Perast) sur la Côte dalmate vénitienne du temps de la Sérénissime, à l'entrée des Bocche di Cattaro (Bouches de Kotor) aujourd'hui en Monténégro.



Au Moyen Âge, Perasto entra dans l'orbite de la République de Venise , à laquelle elle appartenait par intermittence puis de manière continue de 1420 à 1797 . Au XVIIIe siècle, la ville connaît son heure de plus grande splendeur, avec quatre chantiers navals, une flotte d'une centaine de navires et une population de 1 700 habitants.



Grâce à l'aide spontanée apportée à la flotte vénitienne en 1368 lors d'un terrible siège, la ville obtient le titre de « gonfalonier le plus fidèle », qu'elle conservera jusqu'à la fin de la République. Par décret spécial du Sénat, la ville avait l'honneur et le devoir de garder la bannière de guerre de la flotte vénitienne. Les douze Gonfalonieri de Perasto , qui constituaient la garde personnelle du doge pendant la bataille, avaient pour tâche de défendre la bannière du vaisseau amiral.



Le dévouement de la ville à la République de Venise ne diminua pas même après la chute de cette dernière : tandis que le 12 mai 1797 le doge déposa les insignes de Saint-Marc, les habitants de Perasto décidèrent de rester vénitiens et se gouvernèrent eux-mêmes jusqu'à la arrivée des troupes autrichiennes. Les drapeaux vénitiens sont restés hissés jusqu'au 23 août, jour où ils ont été enterrés avec une cérémonie solennelle, la dernière de la Sérénissime, sous l'autel de la cathédrale. Le capitaine de la garde, le comte Giuseppe Viscovich , en remettant la bannière vénitienne aux prêtres, a prononcé devant les milices et tout le peuple un discours émouvant et intense, qui est entré dans l'histoire sous le titre de Ti con nu, nu con ti .



Le Palazzo du capitaine de la garde.

Le 23 août 1797 , plus de trois mois après la chute de la République de Venise aux mains des Français, les citoyens de Perasto se rassemblèrent devant le palais du capitaine de la ville pour enterrer la bannière de la Sérénissime. Devant la foule agenouillée, le capitaine Giuseppe Viscovich a prononcé ce discours:

«En ce moment cruel, qui nous déchire le cœur à cause de la perte fatale du gouvernement vénitien le plus serein, en ce dernier effusion de notre amour et de notre foi, avec laquelle nous honorons les insignes de la république, ah! qu'il vous soit au moins quelque réconfort, mes chers concitoyens, de penser que ni nos actions passées, ni celles des temps récents n'ont donné naissance à cette fonction amère, qui devient pour nous maintenant plutôt vertueuse.

Nos enfants sauront de nous, et l'histoire fera savoir à toute l'Europe, que Perasto a soutenu jusqu'aux derniers soupirs la gloire du drapeau vénitien, l'honorant de cet acte solennel et le laissant arrosé de larmes universelles et amères.

Expirons, mes concitoyens, expirons notre douleur avec nos larmes ; mais au milieu de ces derniers sentiments solennels par lesquels nous scellons la glorieuse carrière que nous avons entreprise sous le plus serein gouvernement vénitien, tournons-nous tous vers cette amère bannière, et exprimons ainsi notre affliction :

Ô bannière bien-aimée ! Après trois cent soixante-dix-sept ans que nous vous possédons sans interruption, notre foi et notre valeur vous ont toujours maintenu intact, non moins sur la mer, que partout où vous étiez appelés par vos ennemis, qui étaient aussi ceux de la religion.

Pendant trois cent soixante-dix-sept ans nos substances, notre sang, nos vies t'ont toujours été consacrés, et comme tu étais avec nous, et que nous étions toujours très heureux avec toi, nous avons toujours été illustres et victorieux sur la mer. Personne ne pourra jamais s’échapper avec toi, personne ne pourra jamais nous vaincre avec toi.

Si seulement les temps présents, extrêmement malheureux à cause du manque de prévoyance, à cause de coutumes défectueuses, à cause de dissensions, à cause d'arbitraires illégaux qui offensent la nature et le droit des gens, nos substances, notre sang et nos vies auraient toujours été les vôtres, et plutôt que de vous voir vaincu et déshonoré par certains des vôtres, notre valeur, notre loyauté, auraient préféré rester enterrées avec vous.

Mais puisque nous n'avons plus rien d'autre à faire pour vous, que notre cœur soit votre tombeau honoré, et notre désolation votre plus grande et plus vaste louange."



L'expression Ti con nu, nu con ti sera reprise en 1919 par le poète Gabriele D'Annunzio dans la Lettre aux Dalmatiens publiée à Venise , dans laquelle il exhortait les Vénitiens et les Dalmates à l'insurrection pour l'annexion au Royaume d'Italie des anciens territoires de la Sérénissime.

[sasbéa]

Merci Blandine pour nous relater ce très beau témoignage de fidélité à Venise. Bonne journée