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il Campiello Le site forum des passionnés de Venise
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Philippe Lipcare
Inscrit le : 23 Juil 2006 Messages: 1
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Posté le : Lun 24 Juil 2006, 10:09:06 Sujet du message: |
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Bonjour à tous, je suis nouveau sur ce forum que j'ai découvert à la faveur d'une recherche sur Carpaccio et les «Deux Vénitiennes».
Je vous propose, en particulier à Gérard et à Ticha qui s'interrogent sur le texte de Sartre à propos de «la haine de la femme» de Carpaccio, une réflexion que j'ai entreprise sur les «Deux Vénitiennes» et qui m'a amenée, à mon étonnement, sur des pistes parallèles.
Il faut s'entendre sur une chose: lorsqu'on fait allusion à l'homosexualité d'un peintre ou d'un écrivain, il ne s'agit pas de ce qu'il fait des sa vie amoureuse. Je ne sais pas si Carpaccio était homosexuel, ni Edouard Dor, et ce n'est pas du tout la question. Il s'agit de savoir ce qu'il se passe dans sa pensée, dans son écriture, dans sa peinture.
La peinture, l'écriture, la pensée sont-elles sexuées? Là est la question.
Je ne sais pas comment introduire un lien dans ce texte, je vous propose donc, si ça vous intéresse, d'aller lire quatre petits textes (dans l'ordre SVP) à l'adresse suivante: http://a-t-l-a-s.hautetfort.com/les_deux_venitiennes/
Bravo pour votre forum, très intérssant, et sur lequel j'ai déjà emprunté des références (merci) et au plaisr d'entendre vos réactions. |
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Danielle

Inscrit le : 17 Avr 2005 Messages: 7935 Localisation : Montigny-le-Tilleul
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Posté le : Lun 24 Juil 2006, 13:37:13 Sujet du message: |
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Bienvenue sur ce forum où vous faites une discrète mais néanmoins "éblouissante" entrée :D :D
J'ai lu votre passionnante réflexion avec beaucoup d'attention et un intérêt plus que certain.D'ailleurs, je la relirai à tête vraiment reposée car votre texte , brillant et très bien documenté, suscite la réflexion.
C'est toujours très émouvant de pénétrer dans les "possibles "arcanes d'un tableau et comme ce serait bouleversant de connaître la pensée qui a animé le pinceau du peintre! |
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Gérard
Inscrit le : 18 Avr 2005 Messages: 1783 Localisation : Orléans
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Posté le : Jeu 27 Juil 2006, 19:53:52 Sujet du message: Histoire . |
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De l'ennui vient ..
La mélancolie .
De la mélancolie va naître ..
Peut-être ,
L'angoisse .
Terrible angoisse .
Ou - génie du Scarpazza , exceptionnel génie avant-coureur - , oui , ou l'inverse ?
Date du tableau , 1495 .
Octobre 1492 , un Génois fâcheusement Espagnol , aidé par les Portugais sur les deux autres caravelles , découvre LA route occidentale .
Des mers .
" L'Explorateur qui reste chez lui .
Le prince Henri du Portugal vécut de 1394 à 1460 et consacra sa vie à la découverte et à l'étude la navigation. Il fut l'instigateur des premiers grands voyages d'exploration. Il était attiré par les richesses orientales et ébloui par la légende d'un prêtre-roi chrétien, le prêtre Jean, sensé vivre quelque-part en Afrique.
Les expéditions de reconnaissance qu'il envoya sur mer parcoururent relativement peu de distance mais elles marquèrent les premiers pas décisifs sur des terres inconnues.
En 1419, Henri fut nommé gouverneur de l'Algarve, dans le sud du Portugal. Là, sur la côte rocheuse et rentrée de Sagres, près du point le plus au Sud-ouest de l'Europe (appelé par les Européens «la fin du monde»), il fit bâtir un palais, une église, une école pour former des navigateurs et des pilotes, un observatoire et un chantier naval. Il recruta des gens de lettres, des géographes, des astronomes et des marins, et imposa ou suggéra à ses courtisans de lancer des expéditions qui découvriraient de nouvelles voies commerciales. "
Que ce doit être dur de chasser dans une lagune définitivement FERMEE .
Que ce doit être dur !
C'est vrai , Picasso avait raison ; la peinture lui faisait faire ce qu'elle voulait .
Normal , c'était un peintre formel .
Un peintre des formes .
Carpaccio , lui , il s'en moque des formes .
Puisqu'il les domine . Et qu'il le sait .
Il vient seulement nous avertir .
Nous avertir des dangers .
Et somptueuse , miraculeuse Venise .
Grâce à TOI .
Nous aviser de ces deux Incroyables : le Miracle et l'Espérance .
En filigrane du désespoir .
Mais ,
Au revers d'un miroir sans tain .
Bien vu le blog !
Très intéressant , aussi !
Hautefort , près de Sarlat , plutôt au-dessus , juste après les jardins d'Eyrignac , me semble encore résonner haut et fort de deux passages assez important : celui de Bertran de Born , mais aussi celui d'Ezra Pound .
Venu de l'Idaho , en 1912 , pour y côtoyer les troubadours .
Puis d'une baronne inébranlable , d'un revêtement en pisé , de l'Ordre du Saint Esprit , de chevaliers tonitruants , d'une loggia Renaissance , d'une province magnifiquement décorée , et du souvenir de la reine mère .
Des Plantagenêts .
De Richard Coeur de Lion .
Bref de cette recherche de l'épopée .
Qui s'insinue , insidieusement , comme la galéasse trirème vient le faire vers 1490 dans une des scènes de la " Légende d'Ursule " .
Vittore l'inouî ! |
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wagon lits

Inscrit le : 10 Sept 2005 Messages: 7202 Localisation : La Rosière de Montvalezan (1850 m )Haute Tarentaise 73 Savoie
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Gérard
Inscrit le : 18 Avr 2005 Messages: 1783 Localisation : Orléans
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Posté le : Mer 13 Sept 2006, 17:08:11 Sujet du message: Odorante Calliope |
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Poursuivons donc .
Mais quoi en fait ?
Tant il est vrai que les hommes et les femmes ne poursuivent , en aucun cas , les mêmes choses .
C'est bien connu .
On peut bien évidemment penser que sa tendre rêverie d'enfant prolongé , près d'Illiers-Giverny , par un très bel après-midi beauceron que l'explosion de la nature vient admirablement décorer , avait pu par moments le faire incliner vers le penchant que décrit Sartre .
Comme si la vue de la Beauté enchanteresse avait pour vertu d'estomper , d'effacer d'un coup de gomme magique ceux des plus mâles accents qu'on a le privilège de posséder et d'aimer .
Comme si un visage d'enlumire pouvait attendrir définitivement un Lahire , un Xaintrailles ou un Dunois .
Comme si un fête pyrotechnique ôtait à la Principauté ces vertus cardinales que l'on perçoit au filigrane des eaux construites , des palais , des maisonnées , de son papier monnaie .
Chez ce Monsieur fort cultivé , réceptif et sensible , il n'en fut jamais rien .
Son raffinement linguistique allait de pair avec l'obstination recherchée du but qu'il s'était fixé .
En force .
Contre l'affreux mal qui le rongeait ; et seul , hors de l'environnement des Autres .
Seul .
Nous sommes en 1922 .
Sa fin est proche ; il le sait . Pauvre et fort .
" Si pressé qu'il se sentait , de toutes ses minutes , comptable de son oeuvre . Lorsque Jacques Rivière lui demanda pour la Nouvelle Revue Française , un article sur Dostoïevski , il refusa : " J'admire passionnément le grand Russe , mais je le connais imparfaitement . Il faudrait le lire , le relire , et mon ouvrage serait interrompu pour des mois . Je ne puis répondre comme le prophète Néhémie ( je crois ) , monté sur son échelle et qu'on appelait , pour je ne sais plus quoi : Non passum descendere , magnum opus facio ... Je ne puis descendre , je fais une grande oeuvre ...
Il éprouvait alors une constante angoisse . Depuis près de vingt ans , il luttait avec les images et avec les mots , pour exprimer certaines pensées qui devaient le délivrer et , en même temps , libérer les âmes fraternelles . Il touchait presqu'au but , mais il fallait que tout fût dit avant la mort . " J'étais décidé à y consacrer mes forces , qui s'en allaient comme à regret , et comme pour me laisser le temps d'avoir , tout le pourtour terminé , fermé la porte funéraire . "
" On avait tout d'un coup l'impression , écrit Jaloux , qu'il était très loin de nous , non seulement parce qu'il était mort , mais parce qu'il avait vécu d'une vie profondément différente ; parce que le monde de recherches , d'imagination et de sensibilité où il avait vécu n'était pas le nôtre ; parce qu'il avait souffert de maux étranges et que son esprit avait eu besoin , pour s'alimenter , de douleurs exceptionnelles et de méditations peu familières à l'homme . "
Au commencement avait été Illiers ,
Où quelques Français se serraient ,
Où un enfant nerveux et sensible lisait ,
Une haie d'aubépines roses ,
Des allées bordées de jasmin ,
Immobile à regarder , à respirer .
Exaltation !
Apporté jusqu'à nous
Le parfum des aupébines mortes ,
L'odeur invisible des persistants lilas :
Ses lecteurs dispersés .
" .. Il n'interrogeait pas ; il ne s'instruisait pas au contact de ses amis. C'est à lui-même qu'il posait en silence de méditatives questions, auxquelles il répondait ensuite, dans sa conversation, dans ses actes, dans son oeuvre, avec une inébranlable conviction qui communiquait à son visage onctueux de constant adolescent une sorte de dureté éphémère mais saisissante, et semblable à une inscription votive, gravée sur la pierre loyale. "
Anna de Noailles
http://www.publifarum.farum.it/n/02/fraisse.php
Votive ,
Gravée ,
Pierre loyale .
Bref ,
Une oeuvre cathédrale ,
Aux humeurs végétales . |
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Vecellio

Inscrit le : 09 Mars 2006 Messages: 769 Localisation : Trop loin de la Lagune!...
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Posté le : Mer 11 Oct 2006, 23:09:38 Sujet du message: |
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Dans un gros et beau sur la peinture à Venise, il est dit que ces deux femmes ne sont en tout cas pas des courtisanes, mais bien des praticiennes.
Après, j'ai pas vraiment lu ce livre.  |
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Gérard
Inscrit le : 18 Avr 2005 Messages: 1783 Localisation : Orléans
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Posté le : Ven 13 Oct 2006, 18:15:05 Sujet du message: Fermons les yeux ! Et toi , mon coeur ? |
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Allez , des noms !
Nom de Dieu , elles doivent bien avoir un patronyme ces deux personnes .
Quoi que ?
Il a peint " La légende " sans se rendre à Jérusalem , sans partir en Orient .
Le plus merveilleux des voyages que l'on fait - et qu'il fait - nous ne le faisons souvent uniquement qu'au creuset onirique de notre esprit .
Sans bouger .
Ne serait-ce pas cela qui différencie les artistes de tous les Autres ?
Sans bouger . Un peu comme Jorge Luis Borges .
Un peu comme ces deux patriciennes , au coeur de leur ennui .
La quête continue .
Les élucubrations s'estompent .
Génial !
Dommage que le fils d'Illiers-Combray ne soit plus de ce monde .
Qu'est ce que j'aurais aimé le questionner !
Voyons !
Sur le Dôme du Rocher , sur la galère trirème et la fin d'un monde , sur la naissance d'un autre et bien sûr au sujet des grandes et inévitables Résurrections ?
Qu'on ne voit jamais ?
Quel voyage !
Mais que lui distinguait et traduisait comme personne .
Encore aujourd'hui .
Sur la Vérité , enfin retrouvée .
Comme l'inévitable Temps .
Ce n'est pas lui qui fuit .
Nuance !
Mais nous ! |
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Véra da POZZO

Inscrit le : 05 Déc 2005 Messages: 2190 Localisation : île de France
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Posté le : Ven 13 Oct 2006, 20:14:14 Sujet du message: |
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oui oui, la critique est plutôt concordante aujourd'hui.
il s'agirait bien de patriciennes.
on a essayé de faire parler le blason sur le vase de majolique sur la balustrade.(chevron de gueules sur fond d'azur, cantonné de deux roses d'or en chef, avec une fleur de lys d'or en pointe).
on y a vu tout d'abord les armes des Torelli puis celles des Preli.
mais plus on avance plus le mystère s'épaissit, les deux familles étaient éteintes depuis longtemps à la fin du XVe siècle...
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wagon lits

Inscrit le : 10 Sept 2005 Messages: 7202 Localisation : La Rosière de Montvalezan (1850 m )Haute Tarentaise 73 Savoie
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Posté le : Ven 13 Oct 2006, 20:32:58 Sujet du message: |
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Toujours aussi calé en héraldique, Véra ! :D :D |
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Ticha

Inscrit le : 17 Avr 2005 Messages: 4774 Localisation : pays d'Auge
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Posté le : Ven 13 Oct 2006, 22:27:45 Sujet du message: |
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En tout cas, les pauvres, depuis le temps que l'on s'interroge sur leur passé-présent-avenir..... Z'ont vraiment l'air de s'ennuyer ferme..... :?  |
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Barocco

Inscrit le : 17 Avr 2005 Messages: 12949 Localisation : Lessines-Belgique
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Posté le : Ven 13 Oct 2006, 22:49:26 Sujet du message: |
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est-ce que quelqu'un a essayé de déchiffrer le mot griffonné sur le papier entre les pattes du chien??? :wink: :wink: :wink:
je ne sais pas si c'est vraiment de l'ennui dans leur regard.. :wink: :wink:
d'ailleurs l'expression de chacune est différente...
un peu de mélancolie..en haut..un peu..d'ironie en bas... :wink: :wink:
les voyez vous comme ça??? :wink: :wink: |
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Véra da POZZO

Inscrit le : 05 Déc 2005 Messages: 2190 Localisation : île de France
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Posté le : Ven 13 Oct 2006, 23:03:12 Sujet du message: |
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a priori, avant une des restaurations du tableau, on pouvait lire une partie de ce qui était écrit sur la lettre; Opus Vjctorjs Carpatjo Venetj...
c'est ce que rapporte entre autre Molmenti en 1906 et Cavalcaselle en 1871, la date était déjà illisible pour Lazzari en 1859...
(cf Tout l'oeuvre peint de Carpaccio de Guido Perocco 1981) |
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Ticha

Inscrit le : 17 Avr 2005 Messages: 4774 Localisation : pays d'Auge
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Posté le : Ven 13 Oct 2006, 23:08:06 Sujet du message: |
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Incollable Véra... Mais c'est tellement bon d'apprendre chaque jour quelque chose ... Merci :wink: |
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Gérard
Inscrit le : 18 Avr 2005 Messages: 1783 Localisation : Orléans
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Posté le : Sam 14 Oct 2006, 13:41:18 Sujet du message: Arrêtons la trotteuse ! |
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Formidable !
Comment être sûr de quelque chose quand on est sûr de rien !
Il a dû se dire , le gars , en triturant ses surdoués pinceaux anachroniques à poils contradictoires :
" Je vais t'leur semer une de ces zones aux jeunes gens du Campiello , j'vous dis pas ! Un de ces bin's . Y z'en ont pour un moment ! "
Pas d'problème , à cinq siècles d'écart , ça ne marche pas , ça court !
Plus fort que j'pensais .
La Rolex de Monsieur Victor est avancée . |
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Francesca
Inscrit le : 14 Oct 2006 Messages: 6 Localisation : Ile-de-France
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Posté le : Mar 17 Oct 2006, 17:00:08 Sujet du message: ENNUI DES DEUX VENITIENNES |
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Bonjour à tous !
Je suis nouvelle sur ce forum de passionnés que je viens de découvrir avec plaisir.
Si vous voulez vous régaler et en savoir plus sur ces deux Vénitiennes mystérieuses de Carpaccio, il faut lire absolument le petit essai "L'ennui des deux Vénitiennes" d'Edouard Dor, édité chez Sens et Tonka (moins de 15 euros sur Internet). Les infos de Véra viennent de là et il y en a beaucoup beaucoup d'autres sur tous les mystères de ce tableau.
Vous apprendrez notamment que ce n'est, en fait,... qu'un morceau d'un panneau plus important qui a été découpé et dont les autres parties se trouvent quelque part sur la planète (un morceau a été retrouvé en 1963 au musée Getty de Malibu, en Californie !)
Ce petit livre est un véritable "Carpaccio code"! Mais à Venise et sur des faits tout à fait réels !!! |
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