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il Campiello Le site forum des passionnés de Venise
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Barocco

Inscrit le : 17 Avr 2005 Messages: 12949 Localisation : Lessines-Belgique
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Posté le : Mar 20 Juin 2006, 00:49:19 Sujet du message: |
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pas très joyeux...ce soir...Stef*.. :? :?
pour clore un sujet commencé tout en légèteré ..jardinière et festive...par Lili!!!  |
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Stef*

Inscrit le : 17 Avr 2005 Messages: 8694 Localisation : Bruxelles
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Posté le : Sam 24 Juin 2006, 12:35:13 Sujet du message: |
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Je viens d'achever la lecture de la narration bucolique de Eden.
Certains passages assez techniques pour les non-initiés à l'art du jardinage ...
Mais récit plein de fraîcheur.
Plantes, fleurs, arbres fruitiers ou non, légumes, pergola, tonnelle, plan d'eau,
margelle de puits et puits artésiens, leur élaboration, peu d'oiseaux et de chenilles mais des chiens et des...vaches!
Difficile d'imaginer aujourd'hui le meuglement de...quinze vaches dissiper le silence de la fondamenta Rio della Croce!
Et pourtant...
Le tout pimenté d'anecdotes vénitiennes.
Le Redentore, ses moines et sa fête. Le silence des délinquants écroués dans les bâtiments voisins.
Les bigolante. L'écroulement du Campanile.
Le jugement de l'auteur généralisant l'ouvrier vénitien irrite,
mais nous sommes début de XX iéme siècle en compagnie d'un aristocrate anglais! :wink:
En somme, une lecture très plaisante sous la plume d'un passionné de jardinage:
"Même un homme blasé s'efforcera de reculer l'ultime échéance
par désir de voir la floraison prochaine." |
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Danielle

Inscrit le : 17 Avr 2005 Messages: 7935 Localisation : Montigny-le-Tilleul
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Posté le : Sam 24 Juin 2006, 14:01:40 Sujet du message: |
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Citation: | Difficile d'imaginer aujourd'hui le meuglement de...quinze vaches dissiper le silence de la fondamenta Rio della Croce!
Et pourtant...
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Et moi qui pensais coller quelques campiellistes....à l'aide de ce troupeau..........
ceci dit la lecture est agréable et les anecdotes sont amusantes...il y a encore de quoi poser quelques questions....
Mon appréciation rejoint la tienne. |
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Gérard
Inscrit le : 18 Avr 2005 Messages: 1783 Localisation : Orléans
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Posté le : Sam 24 Juin 2006, 15:01:49 Sujet du message: |
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J'vais m'le procurer ce p'tit bouquin .
Pour le lire en pente douce . Très douce .
Comme un tea-time de 16h00 . Au méridien de Greenwich .
Intrigué pourtant par le fait que l'art des jardins soit , là-bas , plus haut décrit comme étant une véritable gageure !
Dans un lieu qui a pilotisé , en force .
A la romaine .
Très intrigué quand même . Voire même interloqué !
Par des pergolas qui ... s'avachissent .
Foi d'jardinier suant du suint au pays bossu .
Aut'chose ; le père d'Anthony Eden sous l'chapeau d'paille et dans l'fumier , j'aurais bien aimé voir ça : quel pied ! En tweed ?
Bien qu'avec les lords angles , faut s'attendre à tout .
Ces maniérés ont vraiment des narines d'enfer .
Comme au fond du magnifique Val Rahmeh , ce vallon de Sérénité-Chimène Radcliff .
Sans doute une forme assez rapprochée du jardin des délices .
Le fils prodigue , moustache lissée , oeil de velours et griffes toujours à peine sorties , pourtant non épargné par les souffrances de toutes sortes , de tout endroit qu'elles surgissent ces saloperies de saloperies , toujours tueuses des rêves de l'élève d'Eton , ayant au fond de lui souci permanent des autres , se défiant des Chimères et des Titans , bref des Monstres , n'aurait finalement pas détesté une jolie promenade au belvédère de Tante Léonie .
Omelette aux cèpes sur nappe à carreaux , clairet de Bordeaux , par exemple .
Normal , il lisait la France et Proust ....... dans le texte !
Y'a des jours où l'Anglais me semble incontournable .
Voire essentiel .
Au contraire de sa gastronomie . |
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Barocco

Inscrit le : 17 Avr 2005 Messages: 12949 Localisation : Lessines-Belgique
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Posté le : Lun 26 Juin 2006, 00:33:27 Sujet du message: |
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là...ça donne envie...
Danielle..faudra prévoir un p'tit troc de livres...  |
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Danielle

Inscrit le : 17 Avr 2005 Messages: 7935 Localisation : Montigny-le-Tilleul
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Posté le : Lun 26 Juin 2006, 08:03:08 Sujet du message: |
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ok Barocco...on peut...pratiquer le prêt à distance....un p'tit RV..et hops c'est parti... :D |
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Barocco

Inscrit le : 17 Avr 2005 Messages: 12949 Localisation : Lessines-Belgique
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Posté le : Lun 26 Juin 2006, 09:47:22 Sujet du message: |
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on envisage...on envisage!!!  |
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Gérard
Inscrit le : 18 Avr 2005 Messages: 1783 Localisation : Orléans
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Posté le : Ven 11 Mai 2007, 18:40:42 Sujet du message: Duino . Istrie . |
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Venise , Hôtel Regina ; le 29 avril 1910 ( vendredi )
" .... Car la parole est toujours réprimée quand le sujet surmonte le disant ( François 1° dans son sonnet sur Laure de Sade ) . "
" .....
Ma première promenade hier me conduisit au Giardino Eeden ; il me semblait que nous étions convenus de nous y retrouver . La Princesse Gabrielle se serait réjouie du violet sombre de l'ancolie . Les roses ne sont qu'en devenir . Mais le plus beau , c'était les nombreux papillons qui flamboyaient au-dessus de l'herbe haute , dans le vent , et la jeune feuille de vigne à peine déployée , aperçue contre le ciel .
Je ne saurais dire combien je me sens encore à Duino . Rappelez-moi au souvenir de vos nombreux hôtes . Je prévois bien que cet après-midi je n'aurai soudain qu'un désir , celui d'être là-haut , près de vous . C'est impossible ? Je ne m'en laisserai pas détourner pour autant . De tout mon coeur , je m'en tiendrai au fait que cela fût possible . "
Lettre de Rilke à Marie von Thurn und Taxis .
Albin Michel 1960
Traduction de Pierre Klossowski , introduction " stylée très Zweig " de Rudolf Kassner .
Un autre monde .
Celui d'avant : le monde d'hier .
" Nous relisons les Cahiers de Malte Laurids Brigge et retrouvons Rilke derrière chaque ligne, tel que son ami Rudolf Kassner le dépeint: L'arc délicat des sourcils, des yeux du bleu le plus bleuyeux d'enfant et de voyant, le nez slave et fureteur, la moustache blonde... Kassner ajoute: Rilke était poète, même quand il se lavait les mains. Stefan Zweig a évoqué sa manière d'étouffer ses pas et sa voix» et «la vibration qui émanait de son calme... Nous aimons que l'oeuvre d'un poète soit en totale harmonie avec lui-même, avec les traits de son visage, avec sa façon de marcher. Alors se crée un magnétisme qui défie le temps et la mort. Nous sommes sans doute injustes mais nous nous expliquons mal certains dédoublements: comment peut-on écrire Tête d'or, tout en menant une carrière diplomatique? Etre le poète d'Anabase et dans le même temps le secrétaire du Quai d'Orsay? Quelquefois, il ne faut rien donner a César, mais tout a Dieu. Rilke, lui, n'était que Rilke. Il nous entraîne dans son rêve d'une enfance passée au fond d'un château des bords de la Baltique qu'il nous fait visiter avec sa courtoisie d'un autre âge. Il nous montre les verreries de Bohême, les livres rares, les roses, le portrait de son amie la princesse de Thurn und Taxis et nous craignons qu'un geste trop brutal de notre part brise la bulle irisée qui nous enferme. -------------------------------------------------------------------------------- Jusqu'au moment où nous nous apercevons qu'un tourment habite cet univers feutré et que les Cabiers de Malte Laurids Brigge sont le livre de la souffrance. Paris y joue un grand rôle et la découverte de cette ville a libéré chez Rilke, avec la brutalité d'une déchirure, le flot des souvenirs et des angoisses. Dans la mystérieuse tapisserie que composent les Cahiers, où les motifs s'entremêlent et se succèdent les paysages comme sur les pièces de dentelles que Malte déroulait avec sa mère, Paris est en arrière-plan. Rilke y a séjourné. Il a connu et admiré Rodin. Il a publié un recueil de vers fran,cais: Vergers. Décidément, cet autrichien, né à Prague, poète allemand mais aussi poète français, et qui poursuivit son errance à travers Russie, l'Allemagne et l'Italie, appartient à une race éteinte: celle des grandes cosmopolites, c'est-à-dire au sens noble du terme& ; des Européens. Il fut une époque où l'on pouvait voyager à travers l'Europe sans passeport. De ce continent sans frontières, de cette Europe spirituelle, Rilke est la fleur la plus délicate. Il existe une famille de ces esprits qui, par-delà les origines et les nationalités, se groupent pour former une constellation d'étoiles que nous sommes tentés d'appeler «Constellation Rilke puisque l'étoile Rilke y brille d'un éclat particulier. Rilke s'est fixé un temps près de Trieste. Les lieux ont leur signification. Trieste particulièrement. Par Trieste, Rilke se rattache d'Italo Svevo, d'Umberto Saba, juifs de ce port cosmopolite qui s'exprimérent en langue italienne, fils d'une ville morte comme est morte Alexandrie d'Egypte, la ville natale de trois autres poètes: l'un Grec, Cavafy, l'autre Italien, Ungaretti, le troisième Copte d'expression française: Georges Henein. Rilie se réfugia et mourut en Suisse. La Suisse où échouèrent le Francais Romain Rolland, l'lrlandais James Joyce, les Allemands Nietzsche, Hermann Hesse et Erich Maria Remarque, l'Autrichien Robert Musil, plus tard le Russe Nabokov, si bien que ce pays fut, par la grâce de leur présence, le dernier asile de nuit de l'Europe. Rilke repose dans un cimetière du Valais et je ne peux penser à cela sans me rappeler les pages que Thomas Mann consacre au vieux cimetière de Davos, avec ses tombes gravées de noms russes, polonais, hongrois, de noms français, de noms allemands, espagnols ou anglais, les noms de ceux qui moururent dans les sanatoriums. Et ce cimetière suisse me semble à l'image d'une Europe saccagée. Laissons la parole à Stefan Zweig, Autrichien et Européen, comme Rilke. Il se suicida en 1942 parce qu'il ne supportait plus d'assister de loin au naufrage d'un monde. Voici ce qu'il écrit au sujet de Rilke: «Il me paraît toujours merveilleux que nous ayons eu devant les yeux, au temps de notre jeunesse, d'aussi purs poètes. Mais je me le demande avec une secrète inquiétude: des âmes aussi totalement consacrées â l'art lyrique seront-elles possibles à notre époque, avec les conditions nouvelles de notre existence, qui arrachent les hommes à tout recueillement et les jettent hors d'eux-mêmes dans une fureur meurtrière, comme un incendie de forêt chasse les animaux de leurs profondes retraites?». La constellation Rilke est une constellation d'étoiles mortes mais dont nous recevons encore la lumière pourvu que nous fassions silence autour de nous et que nous fermions les yeux. Et cette lumière, nous la recevons comme une consolation, mais aussi comme un remords. Liens brisés © LittératureS & CompagnieS "
Patrick Modiano .
Remarquable Modiano !
A bientôt pour sa rencontre avec Eleonora Duse !
Correspondance avec Marie de la Tour et Taxis , absolument magnifique ; écriture toujours tendre mais hiératique , souveraine , parfumée et figée , se tenant aujourd'hui comme le sceptre radieux de notre souvenir crépusculaire , à tous ; bref , ce grand poète est finalement mort de s'être piqué d'une rose .
Prenons garde donc !
On finit tous comme ça !
Car , même s'ils se dévoilent , nos jardins en demeurent tout autant secrets .
Il y découvre aussi " Du côté de chez Swann " , le 21 janvier 1914 .
Ce 21 janvier !
Date anniversaire de la mort du roi .
Et cette année 14 !
C'est l'année même où tous les jardins furent d'abord saccagés , puis enfin tous détruits .
L'année effroyable ! |
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