il Campiello

[Stef*]

Nous voilà de retour, Salomée et moi-même...
Une semaine vénitienne madéfiée par une chaleur étouffante.
Un véritable cadeau du Ciel que cette sérénissime escapade!
Sept jours prévus de longue date, le transport et le gîte assurés, nous n'avions plus qu'à siroter sereinement
les jours qui appauvrissaient notre impatience.
Mais quinze jours avant le départ, l'incertitude, déguisée en problèmes de santé, s'est invitée sans bristol.
Un jour nous partions, le lendemain il fallait penser à tout annuler!
Cet infernal balancier nous a fait tituber ainsi jusqu'à douze heures avant le départ quand le doute fut joliment levé.
Je vous le dis!
Un véritable miracle que cette huitaine en bord d'Adriatique!

Ainsi si vous le souhaitez, à l'instar de ses petits camarades, c'est un miraculé qui va vous relater sa ducale fortune.
Je vous rendrai les comptes de ces huit jours en un schéma un rien différent de nos dernières narrations.
Car j'ai énormément pensé à vous et au...Rallye!
Ainsi, ayant bien conscience de votre sagacité acérée, au lieu de vous entraîner à ma suite de calle en calle
et de vous dévoiler quelque secret de fin d'année , je vous remettrai un petit billet d'humeur.
Chaque soir, j'ai puisé dans la rondeur d'une grappa di Moscato ici un tableau ou un silence,
là une osteria ou un palazzo, là encore une statue ou une rencontre qui résumeraient à eux seuls notre journée.
Le tout épicé de quelques divagations culinaires, le tout arrosé de quelques faits divers.

Les grandes lignes...les mêmes que chaque fois, les mêmes que pour vous...
Révélation de nouvelles choses. Tout reste à faire, c'est fou!
Approfondissement de lieux connus et reconnus.

Retrouvailles privilégiées avec un Campielliste.
Découverte heureuse d'un autre membre du Campiello... Ils se reconnaîtront!

Au niveau photos, quelques coups d'audace, quelques vues subtilisées à l'ennemi.
Mais malheureusement cette année-ci, de bien trop nombreuses retraites honteuses, l'appareillage photographique entre les jambes...

"Suffisance mal placée, assurance irréfléchie. Tu perds la main, mon p'tit père!" s'est amusée Salomée.

Le tout ponctué de longs errements sur la pierre, la boue et l'eau.
Bref, tout ce qui fait le charme d'un séjour à Venise!

[Zen]

si vous le souhaitez qu'il dit ! tu parles, j'en salive d'avance
Stef*, c'est bon, avec une telle mise en bouche, j'ai hâte, j'ai hâte

[griggio]

Stef*nous allons attendre avec patience
( ou impatience ) tes petits billets d'humeur...

[Véra da POZZO]

Pour sûr, le Stef* il a le don de nous allècher....

Mais notre patience est presque sans limite, quoique....

Bon aller, dis nous notre bon Stef****, ça va comme ça ou bien il faut en rajouter des *....

Sinon, je vais directement demander à Salomée, elle risque d'être plus prolixe... :wink:

[Stef*]

Samedi 16 mai fin d'après midi

Est-ce l’âge ?
Quand je reviens à Venise, une des premières choses qui me tarabustent est de savoir
s’il n’y a pas eu trop de changements violents depuis mon dernier séjour.
Déjà à l’atterrissage, le campanile de Torcello m’avait semblé avoir pris du poids, s’être considérablement enrobé.
Je comprendrai plus tard dans la semaine : la vénérable tour est aujourd’hui, pour raison de santé,
engoncée dans une labyrinthique carcasse d’acier.

Quand notre embarcation débouche sur le bassin Saint Marc, tout mon petit monde a l’air pourtant bien en place.

"Venez voir les derniers changements opérés dans l'hôtel" nous invite le concierge. 
Le bar est aujourd’hui sur la Riva, libérant ainsi toute une aile pour la salle de restaurant.
Effet papillon : une est à présent visible au fond du jardin qui accueille désormais le petit déjeuner.
Coiffée d’un curieux de fer, elle est surmontée d’une délicate armature où domine la croix de la Passion.
Il est aisé d’imaginer les jeunes pensionnaires de la Pietà y confier leurs rêves et leurs espoirs.
Comme quoi, le changement... :wink:

Je profite inavouablement de l’état de fraîcheur de Salomée en ce tout début de séjour pour faire le grand tour
et centupler, l'air de rien , les pas qui nous séparent de notre première table dressée pour le souper entre Marguerite et Barnabé.

Nous croisons Fabio Baldan, l'aquatintiste dont je vous ai déjà fait l'éloge sur le Campiello,
Il plie son étal la journée faite. Un peu embarrassé, il nous explique qu'il a changé sa manière d'exercer son art.
Le touriste rechignant devant ses aquatintes relativement onéreuses, il abandonne momentanément,
attendant les jours meilleurs, le scalpel de l'incisore et la plaque de cuivre.

Traversée de biais de la Piazza peu encombrée pour rejoindre le bacino Orseolo.
La librairie sous le sottoportego del Cavalletto n'est plus. Un a pris la place.

Premier spritz sous les soutiens-gorge baleinés, les balconnets festonnés et autres bustiers ajourés du Bàcaro Jazz.
Les cris nasillards de quelques très jeunes américaines nous poussent à rejoindre sans regret le caffè dei Frari.

Dernière étape de notre triptyque apéritif. le très vieux percolateur de cuivre du Caffè Rosso.
Nous traversons le campo Santa Margherita. La mythique Gelateria Causin n'est plus.
Un nouveau bistrot sans âme a remplacé « la boutique vieillotte qu'on remarque à peine, mais l'un des seuls glaciers artisanaux de Venise.
Agréable terrasse sur le Campo Santa Margherita » comme le présentait mon poussiéreux guide Hachette des années quatre-vingts.

Tous ces changements qui me turlupinent...Est-ce l'âge?

Après la table de Stefano, regagnant nos pénates, l'enfilade illuminée des hôtels de la Riva dei Schiavoni me ramène à Alina Percea.
Est-ce dans la luxueuse chambre d' une de ces façades que la jeune roumaine a consommé ses noces désarmantes?
Il y a peu, cette fille de dix-huit ans, aux cheveux plus sombres que l'ébène, a mis sur Internet sa virginité aux enchères pour financer ses études.
Le meilleur enchérisseur, un italien de quarante-cinq ans, né dans la ville de l'illustrateur Agostino Carracci, collaborateur de l'Arétin
pour le sulfureux Recueil de Postures érotiques, est un homme d'affaire mais également un gentleman. Il a invité la future étudiante à Venise
et lui a servi de cicérone touristique avant de la coucher dans des draps de soie pour délier le ruban de pureté, objet de l'enchère.

J'ai du mal à m'endormir. Car si Venise n'a pas trop changée, j'ose croire que la belle roumaine se sera montrée plus généreuse
que les termes misérables stipulés dans le contrat.
Mais il faut me reposer!
Demain -je regarde ma montre- que dis-je, dans peu de temps, il me faudra être en forme si je veux tout comme Livia, Blandine, les VF et Vera da Pozzo
entrer dans le cénacle très privé des adorateurs de San Teodoro!
Dans quelques heures, il me faudra à tous prix forcer les hautes portes vertes du ponte de la Canonica! :wink:

[Véra da POZZO]

Super

On y est presque.... tout ça en une fin d'après midi et une soirée, pristi, ça augure bien de la suite....attendue avec impatience....

Tout est si bien conté.

[Zen]

ouvertes ou pas ouvertes ces portes vertes ? vais-je arriver à dormir ? quel suplice !
Vivement la suite

[dominique M.]

un après-midi bien sage dans une ville bien ordinaire en quelque sorte .... :wink:

[Albert(o)]

Merci Stef* !
encore... encore... encore !

[Jas]

Un jour notre Stef* va nous relier tout ça dans un bouquin :wink:

[Blandine]

[J@M]

C'est drôle, quand je lis cette superbe narration de Stef* j'ai l'impression de l'entendre parler avec cette subtile pointe d'accent qui fait son charme... Curieux

[Barocco]

que du bonheur...
merci Stef pour cette balade dans tes pas..... :wink: :wink: :wink:

[livia]

Merci Stef* pour ce récit! J'ai bien hâte de lire la suite!
Tu as l'art du suspense :wink: :)

[Virginie]

Ca fait beaucoup de bien. Vas-y Stef*, raconte la suite !