Danielle

Inscrit le : 17 Avr 2005 Messages: 7935 Localisation : Montigny-le-Tilleul
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Posté le : Lun 07 Juin 2010, 09:56:51 Sujet du message: |
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et voici la réponse....qui suit la Fête-Dieu que nous venons de célébrer..60 jours après Pâques ..
l s'agit d'un tableau de Luigi Passini, signé et daté de 1873-1874.
Il s'agit d'une représentation de la "Fête-Dieu". En 1316, Jean XXII demanda, en plus de la célébration de l'office en vigueur depuis la bulle d'Urbain IV, de porter le Saint-Sacrement en procession. D'où des cortèges spectaculaires comme cette "Fête-Dieu" vénitienne.
Et voici le développement que vous m'avez proposé, celui de Didoom étant le plus complet, je vous le sers tel quel ...
"1264 : Urbain IV institue la Fête - Dieu
Pape de 1261 à 1264, Jacques de Troyes officialisa une fête du Saint-Sacrement. Il composa les musiques de l'office, qui fut écrit par Thomas d'Aquin
Du pontificat d'Urbain IV, pape troyen, l'Aube se souvient surtout de son initiative d'édifier, à l'emplacement de la maison paternelle, une église - chef-d'œuvre de l'art gothique flamboyant -, devenue, au terme d'une histoire tumultueuse, la basilique Saint-Urbain.
Jacques de Troyes n'a pas fondé qu'une église. Il reste le fondateur de la Fête-Dieu. Certes, en France, sauf en Alsace et en Bretagne, c'est une cérémonie tombée en désuétude. En Champagne, il faut avoir près de 50 ans pour se rappeler les processions qu'ouvraient des fillettes dispersant des poignées de pétales de roses et de pivoines.
La Fête-Dieu, Urbain IV l'institua officiellement par un texte aux accents très lyriques, le 11 août 1264 : la bulle Transiturus de hoc de mundo. Il décréta qu'elle serait célébrée le jeudi qui suit la Sainte-Trinité, soit soixante jours après Pâques. Il en informa tout personnellement Ève la Recluse, par une missive du 8 septembre 1264 : « Nous vous envoyons, avec notre bulle, le livret où est contenu l'office de la Fête-Dieu, nous voulons et nous vous ordonnons d'en délivrer volontiers copie à toutes les personnes qui le demanderont… »
Ce projet d'une fête dédiée au Saint Sacrement et sa relation avec Ève la Recluse ramenaient Urbain IV vingt-cinq ans en arrière. En 1240, après un début de carrière à Troyes, puis à Laon, il avait été, pendant trois ans, archidiacre de Liège, à la demande du prince-évêque Robert de Thourotte, un parent de Thibaud IV de Champagne. Il y avait fait la connaissance de deux religieuses : Julienne, cistercienne du Mont-Cornillon, et Ève, recluse dans une grotte près de la collégiale Saint-Martin de Liège.
Mystique, lectrice assidue de Bernard de Clairvaux, Julienne nourrissait, depuis 1209, une conviction tenace, amplifiée par plusieurs visions : il manquait à l'Église une fête en l'honneur de l'Eucharistie. Elle communiqua sa ferveur à Ève la Recluse et à son confesseur, Jacques de Troyes. Ils lui promirent leur soutien.
Promue prieure de son couvent, Julienne multiplia les démarches et, en 1246, Robert de Thourotte convoqua un synode où fut approuvée l'institution, dans son diocèse, d'une fête du Saint Sacrement. Mais il mourut avant que la décision soit entérinée et, comme le projet était loin de faire l'unanimité, il fut abandonné.
Quand Jacques de Troyes officialisa la Fête-Dieu, Julienne de Cornillon était morte depuis six ans. Mais, dès qu'il avait accédé au Saint-Siège, Ève, depuis sa grotte, lui avait fait
rappeler le vœu de leur amie commune. Urbain IV hésitait.
Et puis il y eut, en 1263, le miracle de Boslena, petite ville proche d'Orvieto, en Italie, où il était alors en résidence. Le prêtre avait laissé tomber une goutte de vin consacré sur le corporal, qu'il replia pour cacher la tache. Mais, à sa grande stupeur, celle-ci traversa toutes les épaisseurs du linge, imprégna les nappes de l'autel, laissant une empreinte jusque sur le marbre. Urbain IV se fit apporter le corporal - conservé depuis à la cathédrale d'Orvieto - et constata des taches rouge sang et rondes comme des hosties. Raphaël a immortalisé, en 1513, le miracle dans La messe de Bolsena, peinte dans les loges du Vatican.
Pour Urbain IV, toute hésitation fut levée. L'institution d'une fête du corps et du sang du Christ s'imposait…
Le fait est qu'à l'époque le sujet se révélait sensible. Que l'hostie ait été le corps du Christ était violemment contesté par les cathares et les vaudois, pourchassés comme hérétiques et cibles de la croisade contre les albigeois, qui prit fin avec le massacre du bûcher de Montségur, en 1244.
Y compris au sein de l'Église, la Fête-Dieu suscitait des réticences. En revanche, l'Eucharistie eut, au XIIIe siècle, de fervents partisans, notamment François d'Assise et Thomas d'Aquin, très ami avec Jacques de Troyes depuis l'époque de leurs études à Paris.
Pape, Urbain IV avait demandé au brillant théologien de venir travailler auprès de lui. C'est à Thomas qu'il fit appel pour rédiger l'office de la Fête-Dieu : « Un chef-d'œuvre, ou plutôt une suite de chefs-d'œuvre », pour reprendre l'expression d'Ivan Gobry, qui précise : « Urbain, musicien et liturgiste, tint à composer lui-même les mélodies. » Jacques de Troyes renouait là avec la plus grande passion de sa jeunesse.
Ce gamin de cordonnier, dès qu'il avait pu entrer à l'école épiscopale de Troyes, avait montré des prédispositions pour cet art. Il avait approfondi sa formation et fit partie des jeunes clercs qui chantaient à la cathédrale…
La musique de la Fête-Dieu, ce fut comme si Urbain IV avait tenu à ce que l'ultime mission de son ardu pontificat fût placée sous le signe du spirituel et du beau… Le 2 octobre 1264, à Pérouse, il s'éteignait, à 79 ans, après une longue agonie. La Fête-Dieu faillit disparaître avec lui.
Ce fut Clément V qui, confirmant la bulle d'Urbain IV de 1264, l'imposa définitivement au concile de Vienne de 1311."
Et BRAVO...à tous ceux qui ont franchi la ligne d'arrivée... |
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